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Auteurs alpha

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jeudi 22 décembre 2011

Ozric Tentacles

Ozric Tentacles : Curious Corn
(1997 - Snapper Music)

Formé en 1983, cet atypique groupe anglais fait preuve d'une créativité qui n'a d'égale que l'ampleur de sa discographie. (1) Si le groupe est communément (et probablement par facilité) rangé dans le tiroir « rock psychédélique » et « space rock », sa musique, uniquement instrumentale, (2) emprunte à beaucoup d'autres genres : jazz-rock, jazz, reggae, dub, ambiant, electro, funk, musiques du monde, rock progressif...
Tout aussi hâtifs me paraissent les avis de nombreux auditeurs qui qualifient la musique d'Ozric Tentacles de répétitive et statique. Si l'identité sonore du groupe est évidente tout au long de sa carrière, une écoute attentive ne laissera aucun doute sur sa capacité à se renouveler et évoluer. (3) Le contraire serait d'ailleurs impressionnant alors que les musiciens défilent sans cesse au sein de la formation, Ed Wynne étant le seul à être présent depuis le début.
Quelques exemples : Oolite GrooveAfroclonkOddentity, (4) Papyrus.

Musiciens :
- John Egan : flûte
- Conrad Price : batterie
- Christopher Lenox-Smith : synthétiseur
- Ed Wynne : guitare, synthétiseur
- Zia Geelani : basse

(1) Le vingt-huitième album vient de sortir en 2011 mais je n'ai malheureusement pas encore mis la main dessus...
(2) Des voix font parfois leur apparition mais uniquement dans un but d'ambiance et non mélodique.
(3) Difficile néanmoins de se faire une idée rapidement parmi vingt-huit albums, je suggérerais, dans un premier temps, de cibler les quatre que j'affectionne tout particulièrement : Strangeitude (1991), Become the Other (1995), Curious Corn (1997) et Waterfall Cities (1999).
(4) Tout le monde aura repéré l'air de famille entre la ligne de basse de ce morceau et celle-ci, fort célèbre et souvent empruntée (entre autres, de manière aussi visible que médiatique, par Massive Attack).

dimanche 18 décembre 2011

Jimmy Page & Robert Plant

Jimmy Page & Robert Plant : No Quarter
(1994 - Atlantic Records)

Quatorze ans après la séparation de Led Zeppelin, Jimmy Page et Robert Plant se retrouvent pour un album de reprises dans lequel on retrouve quelques-uns des morceaux du groupe et quatre inédits. Pour l'occasion, un orchestre égyptien et le London Metropolitan Orchestra ont été conviés, la plupart des titres de l'album ayant été enregistrés en public.
Passée la première surprise (la voix de Robert Plant a changé, le disque ne possède pas vraiment d'unité), No Quarter est, à mon sens,  l'une des meilleurs productions de ce duo de musiciens et certains des morceaux présentés sur cet album n'ont rien à envier à leurs originaux.
Quelques exemples : FriendsYallahWah WahKashmir.


Musiciens :
- Jimmy Page : guitares, mandoline
- Robert Plant : chant
- Charlie Jones : basse, percussions
- Michael Lee : batterie, percussions
- Porl Thompson : guitare, banjo
- Najma Akhtar : chant
- Jim Sutherland : mandoline, bodhrán
- Nigel Eaton : vielle à roue
- Ed Sheamur : orgue Hammond, arrangements pour les orchestres égyptien et anglais

jeudi 15 décembre 2011

Kadda Cherif Hadria

Kadda Cherif Hadria : Diri Kitabri
(1995 - Al Sur)


C'est en 1995 que sort le premier album de raï de ce chanteur natif d'Oran. Loin de succomber à la surenchère moderne d'autres groupes (1), Kadda Cherif Hadria préfère rendre hommage aux métissages qui sont présents dans cette musique depuis ses origines. (2)
Influences tsiganes ou espagnoles, salsa, jazz ou encore  reggae cohabitent tout au long de cet album dont la richesse musicale est servie par un grand nombre d'instruments variés et des arrangements qui n'hésitent jamais à surprendre par des changements de rythmes inattendus ou des solos travaillés que l'on ne retrouve pas chez les formations les plus connues en Europe depuis que ce genre y a été rendu populaire. (3)
Djezaï, le second album de Kadda Cherif Hadria, s'il reste très honnête musicalement, ne présente pas la même richesse et l'on peut regretter que l'artiste n'ait pas poursuivi dans cette veine des plus enthousiasmantes.
Quelques exemples : Diri KitabriBritnakhihaMadanitche.

Musiciens et invités :
- Kadda Cherif Hadria : chant
- Mohamed Mokhtari : violon
- Abdenour Djemai : guitares, chœurs
- Rabah Khalfa : derbouka, bendir, karkabou, taar
- Hervé Lebouché : batterie, percussions
- Hachemi Bellali : basses
- Arthur Simon : trompette, claviers (directions musicale)
- Nicolas Avril : saxophone
- Moustafa Mattaoui : claviers
- Frédéric Lagnau : piano
- Didier Pel : accordéon diatonique
- Eric Genevoix : congas, djembé


(1) Tempo lourdement marqué, basses envahissantes... faut faire danser.
(2) Début du XXème siècle et modernisée par vagues successives depuis.
(3) Dans les années 80.

mardi 13 décembre 2011

Gov't Mule

Gov't Mule : Gov't Mule
(1995 - Relativity)

Créé par Warren Haynes et Allen WoodyGov't Mule ne devait être qu'un projet parallèle au fameux groupe de rock sudiste The Allman Brothers Band dont ils faisaient tous deux partie, (1) mais les deux musiciens décident de s'y consacrer totalement deux ans et deux albums studio plus tard. Ici, le côté sudiste de la musique est nettement perturbé par des ajouts de styles différents comme le funk ou le blues rock, la forme de trio accentuant les côtés bruts et énergiques.
Si tous les albums du groupe valent amplement le détour, c'est lors des concerts que sa démarche est la plus évidente et la plus enthousiasmante, tant son plaisir authentique à jouer de très longs morceaux et à multiplier les hommages à d'autres groupes au sein même de ses improvisations sont grands.
Quelques exemples : Rockin' HorseMonkey HillMother Earth.

Musiciens et invité :
- Warren Haynes : guitare, chant
- Allen Woody : basse
- Matt Abts : batterie
- John Popper : harmonica

(1) Désireux de créer un jam band (formation laissant une grande place à l'improvisation et aux longs solos).

dimanche 11 décembre 2011

Harmonium

Harmonium : Si on avait besoin d'une cinquième saison
(1975 - Polydor)

Ce groupe canadien n'a que trois albums à son actif : Harmonium, qui propose une musique folk tendant légèrement vers le rock progressif, Si on avait besoin d'une cinquième saison, qui s'éloigne davantage du folk et L'Heptade, qui est résolument le plus progressif des trois.
Si ce dernier album est le plus complexe, le plus travaillé et le plus riche musicalement, il ne possède pas la fraîcheur et la spontanéité du précédent (1) dont chacun des titres est une véritable merveille. Une autre particularité de ce second et atypique album est que l'on n'y trouve pas de batterie alors que cet instrument apparaît dans les deux autres et pratiquement dans tous les albums de rock progressif.
Quelques exemples : VertDixieHistoires sans paroles.

Musiciens :
- Pierre Daigneault : flûte, piccolo, sax soprano, clarinette
- Serge Fiori : guitare, flûte, cythare, grosse caisse, chant
- Serge Locat : piano, melotron, synthétiseur
- Michel Normandeau : guitare, accordéon, chant
- Louis Valois : basse, piano électrique, chant
- Judy Richard : chant (sur Histoires sans paroles)

(1) Le dernier morceau, une longue composition de plus de 17 minutes, pourrait d'ailleurs être rattaché à L'Heptade.

jeudi 17 novembre 2011

Faun

Faun : Licht
(2003 - Curzweyhl)

Second album de ce groupe allemand qui s'inscrit dans la mouvance pagan medieval folk(1) Licht est, à mon sens, l'album le plus inspiré parmi les six qu'il compte à son actif à ce jour.
Composant sa propre musique ou réinterprétant des morceaux traditionnels de divers pays, (2) souvent européens mais où viennent parfois s'ajouter rythmes et mélodies orientales. Les musiciens de Faun usent, avec beaucoup de talent, d'une grande quantité d'instruments anciens et s'appuient sur une électronique discrète (3) pour accentuer les ambiances et les rythmes souvent joyeux et entraînants.
Souvent féminines, les voix s'expriment dans plusieurs langues.
Quelques exemples : AndroVon den ElbenPunagraIsis.

Musiciens et invités :
- Oliver Sa Tyr : chant, bouzouki, nyckelharpa, harpe celtique, guimbarde
- Elisabeth Pawelke : chant, vielle à roue
- Fiona Rüggeberg : chant, flûtes, cornemuses, seljefloit
- Rüdiger Maul : tar, riq, davul, panriqello, darabukka, timba, gaxixi et autres percussions
- Niel Mitra : sequencer, sampler, synthétiseur
- Jennifer van der Harten : harpe celtique
- Carsten Hochapfel : violoncelle

(1) Car c'est ainsi que l'on nomme les musiques d'inspiration traditionnelle, celtique ou médiévale, de nos jours, le « pagan » ne servant qu'à attrapper les d'jeuns en quête de tribu, je présume...
(2) N'hésitant pas à mêler les styles ou les influences, parfois.
(3) Particulièrement présente sur Renaissance, le troisième et assez décevant troisième album, cette électronique s'efface de nouveau peu à peu sur les albums suivants.

mardi 15 novembre 2011

Tal Wilkenfeld

Tal Wilkenfeld : Transformation
(2006 - Ais)

C'est à 14 ans que l'australienne Tal Wilkenfeld (1) apprend à jouer de la guitare puis l'abandonne pour la basse à l'âge de 17 ans et se fait très vite repérer. Un an plus tard, elle part pour New York et joue dans des clubs de jazz.
Transformation sort en 2006 et, bien que baignant dans le jazz et le jazz-rock, ne dédaigne pas quelques accents plus blues ou funk. Les excellents musiciens qui l'entourent ici  confirment bien le talent de cette toute jeune prodige.
Et quelques autres plus ancrés dans le milieu ne s'y trompent pas : à l'écoute des démos de cet album, Chick Corea décide qu'elle le rejoigne sur sa tournée en 2007 et Jeff Beck fait de même quelques mois plus tard.
Elle jouera également avec Herbie Hancock, Eric Clapton et Warren Haynes... (2) pour ne citer que les plus connus.
Quelques exemples : BCCosmic JokeOatmeal BandageTable For One.

Musiciens :
- Tal Wilkenfeld : basse
- Wayne Krantz : guitare
- Geoffrey Keezer : piano, claviers
- Keith Carlock : batterie
- Seamus Black : saxophone tenor

(1) Tal naît en 1986.
(2) Oui, celui des Allman Brothers qui a initié le fulgurant Gov't Mule...

mercredi 9 novembre 2011

No One Is Innocent

No One Is Innocent : Utopia
(1997 - Az)

Avec Utopia, le groupe français No One Is Innocent confirme le fort potentiel qui figurait déjà dans son premier album (1) tout en affichant une plus grande unité musicale. Démarrant sur un cri rageur, le groupe enchaîne les titres avec une rare énergie, concédant parfois un moment de répit où la colère fait place à la douleur.
Une musique énergique et entraînante (2), plus contrariée que violente, laissant la part belle à des guitares et voix saturées, qui, si elle n'offre guère de véritable surprise, joue pleinement son rôle et ne donne aucune occasion de se lasser. Il est même rare d'entendre des albums dont tous les titres entretiennent autant l'attention. Difficile de ne pas relancer l'album une fois la dernière note éteinte. Les albums suivants, à mon sens, suivent le même chemin mais ne parviennent pas à tenir la comparaison avec celui-ci.
Chose rare : je vais parler des textes. (3)
Ici, le texte à une importance particulière. No One Is Innocent est de ces groupes « engagés » qui donnent une dimension politique à leur musique. (4) Dès le premier album, avec le titre Another Land, il dénonce le génocide des Arméniens. Ici, chaque texte est une prise de position assumée et appuyée de son coup de poing sur la table.
Anecdotiquement, on peut ajouter que Maurice G. Dantec a été invité à lire quelques extraits de son roman Les Racines du mal lors de la post-production de cet album, lui ajoutant une atmosphère bien particulière. (5)
L'album : Utopia.

Musiciens et invité :
- Kémar Gulbenkian : chant
- David de Four : guitare
- Jérôme Suzat-Plessy : basse, berimbau
- Spagg : samples
- Thierry Molinier : batterie
- Maurice Dantec : lectures (sur Nomenklatura, Radio 101, Autobähn Babies, Ce que nous savons et Neuromatrix)

(1) Sans titre, 1994.
(2) Souvent qualifiée de « fusion ».
(3) En effet, les textes compréhensibles m'empêchent bien souvent d'apprécier des groupes, tout simplement parce qu'ils me rendent incapable de me concentrer sur... la musique.
(4) Et peut renvoyer, entre autres, à des groupes comme Rage Against The Machine ou Noir Désir, bien que leurs musiques respectives soient différentes.
(5) Depuis, et à cause des prises de positions de l'auteur, No One Is Innocent a annoncé qu'il s'en désolidarisait. Si Les Racines du mal, second roman de Dantec, (6) reste un incontournable roman policier futuriste, l'auteur semble être tombé dans l'art controversé d'attirer le monde en le provocant systématiquement.
(6) Merci Pascal...

samedi 5 novembre 2011

Julian

Robert Charles Wilson : Julian
Julian Comstock, a Story of 22nd-century America (2009)
éd. Denoël Lunes d'encre, 2011
trad. Gilles Goullet, couv. Jefferson Hayman

Il s'appelle Julian Comstock ; il est le neveu du président des États-Unis.
Son père, le général Bryce Comstock, a été pendu pour trahison (on murmure qu'il était innocent de ce crime).
Julian est né dans une Amérique à jamais privée de pétrole, une Amérique étendue à soixante États, tenue de main de maître par l'Église du Dominion. Un pays en ruine, exsangue, en guerre au Labrador contre les forces mitteleuropéennes. Un combat acharné pour exploiter les ultimes ressources naturelles nord-américaines.
On le connaît désormais sous le nom de Julian l'agnostique ou (comme son oncle) de Julian le Conquérant.
Ceci est l'histoire de ce qu'il a cru bon et juste, l'histoire de ses victoires et défaites, militaires et politiques.
Fresque post-apocalyptique, western du XXIIe siècle, fulgurant hommage à l'œuvre de Mark Twain, Julian est le plus atypique des romans de Robert Charles Wilson. Une réussite majeure et une critique sans concession des politiques environnementales actuelles.
Atypique, c'est le moins que l'on puisse dire de ce dernier roman de Robert Charles Wilson tant il est différent de ses autres romans, par la forme et par le fond. Ici, bien que l'on retrouve cette mise en scène d'êtres qui n'ont rien d'extraordinaire et qui subissent les évènements, ces derniers n'ont pas l'ampleur de ceux décrits dans d'autres romans comme Spin ou Les Chronolithes. En outre, l'auteur accentue cet effet en nous faisant adopter le regard d'un personnage qui ne fait que constater ces évènements (1) et en resserrant toute l'action à son simple vécu sur une période très brève. (2)
Mais, davantage encore, c'est la forme même du roman qui, à mon sens, le classe bien à part. Il semble que le « fulgurant hommage à l'œuvre de Mark Twain » soit l'aspect principal que l'auteur a voulu maintenir tout au long du récit. (3) Et, la première surprise passée, j'ai pris un réel plaisir à lire Julian comme je lirais d'autres romans de cette époque, en tenant compte, du contexte et de l'état d'esprit des auteurs qui y vivaient. La dernière page tournée, j'avoue être épaté par ce joli tour de force de la part de Wilson : avoir donné un aspect poussiéreux et désuet à une aventure se déroulant un siècle après le nôtre, projetant ainsi le lecteur bien au-delà de la période décrite.
La forme même du texte augmente l'effet d'ambiance décrit : les mentalités et les connaissances ont reculé, (4) une Église autoritaire et une classe dirigeante puissante et riche veillent rigoureusement à maintenir cette ignorance crasse afin de conserver le pouvoir.
D'une manière générale, la critique semble assez déçue de ne pas retrouver l'auteur qu'elle connaît mais je pense que comparer Julian aux œuvres précédentes est une erreur. Et, mine de rien, je suis ravi de découvrir un Robert Charles Wilson capable d'écrire autre chose que du Robert Charles Wilson. Je ne voudrais pas que l'un de mes auteurs préférés finisse par me lasser.
Mais nous en sommes encore loin...

(1) Paradoxalement, c'est lui qui provoquera le plus important d'entre eux par son simple rôle de témoin.
(2) Le roman débute fin 2172 pour se terminer au Nouvel An 2176 si l'on exclue le court épilogue ajouté quelques 16 ans plus tard.
(3) Méconnaissant cet auteur et ne me basant que sur mon ressenti à la lecture de Julian, le défit paraît néanmoins avoir été relevé avec brio.
(4) Les étoiles et Dieu sont de ces choses réelles mais incompréhensibles, les deux « se ressentant » de la même manière... L'obscurantisme rampe tout au long de ce roman.

jeudi 3 novembre 2011

Radieux

Greg Egan : Radieux
Luminous (1998)
éd. Le Livre de Poche, 2011
trad. Sylvie Denis, Francis Lustman, Quarante-Deux et Francis Valéry, couv. Manchu

Une jungle génétiquement modifiée capable de se protéger de toute agression extérieure, y compris humaine, afin de servir les intérêts des barons de la drogue.
Un voyage sans retour au cœur d'un trou noir.
Un logiciel à même de remonter tout arbre généalogique sur des milliers de générations en traçant l'ADN.
Un premier contact extraterrestre grâce à de nouvelles mathématiques et un ordinateur de lumière.
La numérisation totale de la mémoire humaine.
Un virus mortel en passe de devenir une nouvelle religion, à moins que la religion elle-même ne soit le virus...
Radieux est le deuxième volume de l'intégrale raisonnée des nouvelles de Greg Egan.
Il consacre l'auteur australien comme l'écrivain de science-fiction le plus fascinant depuis Philip K. Dick.
Après Axiomatique, ce second recueil des nouvelles de l'auteur qui poursuit l'exposition de ses réflexions sur les avancées scientifiques et leurs impacts possibles sur l'homme et ses sociétés. (1)
Lire Egan, même si l'on se sent par moment distancé, (2) c'est en sortir plus vaste. (3)
Si je suis bien incapable de faire la distinction entre les connaissances scientifiques actuelles et les spéculations qui permettent à l'auteur de mettre en scène les histoires dont il nous régale,  leur lecture n'en est pas moins enthousiasmante. Mon ignorance dans ces domaines scientifiques leur prodigue même un vernis de « réalisme » qui est loin d'être désagréable, bien que je regrette parfois que l'auteur ne précise pas la frontière entre le « vrai » et le « possible ». (4)
Si toutes les nouvelles sont irréfutablement d'une grande valeur, les goûts de chaque lecteur ne manqueront pas de leur attribuer des préférences. Ici, mes penchants vont sans conteste vers « L'Ève mitochondriale » et « Cocon » qui abordent respectivement les origines de l'espèce humaine et l'orientation sexuelle.
Fascinant.
Pour le moins.

(1) Le troisième volume étant déjà paru au Bélial', seuls les lecteurs en manque de finances attendant rageusement la parution en poche...
(2) Egan est diplômé de mathématiques et s'appuie souvent sur des concepts et un vocabulaire qui me sont totalement étrangers.
(3) Chaque nouvelle ouvre (ou alimente intelligemment) un sujet de réflexion qui ne se refermera que longtemps après la dernière page du recueil tournée.
(4) Comme le fait Charles Sheffield dans Les Chroniques de Mc Andrew, partant du juste principe suivant : «  [...] ce n'est pas ce que nous ignorons qui cause des ennuis, c'est ce que nous savons et qui est inexact ».

dimanche 30 octobre 2011

Sin

Sin : Noisy Pipes, Lovely Noises
(1998 - Vif)

De tous les groupes navigant dans l'univers electro-indus, Sin, un trio originaire de Melun, est de ceux dont on regrette de n'avoir pas davantage à écouter. Ce premier album brillant, tout en contrastes, très varié et plus inventif que toute la production d'autres groupes évoluant dans le même genre, fait partie de ceux vers lesquels on revient sans cesse sans que la surprise ne baisse.
Ici, l'ambiance est toujours très sombre, parfois calme, souvent violente, écorchée, torturée, à-vif. Le groupe enchaîne des titres complexes qui surprennent l'auditeur par leurs sautes de volumes ou d'ambiances, par les mélanges d'inspirations que l'on devine sous une personnalité entière et sans concession. (1)
Si l'on retrouve la patte du groupe dans son second album, (2) la richesse présente ici reste simplement unique et indispensable.
Quelques exemples : The LaunchPainful.

Musiciens :
- Vincent Brunello : claviers, échantillonneur, programmation
- Franck Renou : chant
- Damien Barquero : guitare

(1) Rock seventies, électro-pop et métal, en particulier.
(2) Errare Digital Est, 2002.

Rufus Cappadocia

Rufus Cappadocia : Songs for Cello
(2008 - Velour Recordings)

Rufus Cappadocia est un violoncelliste brillant qui n'a de cesse d'explorer toutes les capacités de son instrument (1) et multiplie les expériences variées avec d'autres musiciens. Outre sa collaboration remarquée avec Stellamara, on peut l'écouter revisiter des standards du folk américain aux côtés de Bethany Yarrow ou s'immerger dans le jazz avant-gardiste aux côtés du guitariste David Fiuczynski. (2)
Dans cet album enregistré en public, Cappadocia est seul avec son instrument et nous offre un long voyage contemplatif, laissant une large part à l'intuition et donnant à son public des sonorités rarement explorées au violoncelle. Classique, jazz, traditions du monde, musique expérimentale... la curiosité du musicien pour tous les genres est indéniable et non moins communicative.
Un grand album d'un musicien exceptionnel.
Quelques exemples : LamentTransformation.

Musicien :
- Rufus Cappadocia : violoncelle

(1) Qui est électrifié et auquel une cinquième corde est ajoutée.
(2) Mais d'autres collaborations avec d'autres musiciens existent, tout aussi intéressantes que ces trois-là.

mercredi 26 octobre 2011

Zmiya

Zmiya : Solmamdenlo
(2004 - Prikosnovénie)

S'il est un groupe qui tient une place indéniable dans les musiques fusionnées, c'est Zmiya, formé par six musiciens nantais. (1) Sur cet unique album, le monde entier (ou peu s'en faut), ancien comme moderne, est convié. Ici, l'électro est souvent très présente mais se mêle à la tradition de telle façon qu'on pourrait croire que l'une était faite pour l'autre, les deux s'exprimant pleinement et sans faire la moindre concession mais dans la plus grande harmonie.
De l'hommage au chant traditionnel corse aux sautillements de l'electro pakistanaise, de la vieille tradition française aux emprunts de sonorités africaines, du hip hop au dub coloré d'ambiances indiennes... le tout exécuté avec de vrais instruments par des artistes de talents dont le sens de la mélodie et du rythme se confirme morceau après morceau. (2)
Un seul regret : j'attends le deuxième album depuis sept ans...
L'album (3) : Solmamdenlo.

Musiciens et invités :
- Jérôme Ettinger : chant, programmation, arghul, doff, rek
- Gurvan Liard : vielle à roue, accordéon (7)
- Sylvain Corbard : basse
- Benjamin Bouton : batterie
- Jean-Yves Redor : didgeridoo
- Sébastien Delaunay : djembé, bougarabou, balafon
quatuor à cordes dirigé par Stéphane Oster (1, 4, 6)
- Cécile Roudon et Charlotte Mérand : violon
- Florence Oster : alto
- Stéphane OsterVioloncelle
Section cuivres « Les Fines bouches » (6, 8)
- Hervé Dubois : euphonium, trombone et tuba
- Micha : trompette
- Eric Bestante : cor
- Sébastien Guérive : violoncelle
- Lionel Bezier : tom

(1) Ben oui, comme Orange Blossom... et comme les oreilles attentives du label Prikosnovénie qui sont aussi de ce coin de la planète...
(2) Si j'aime particulièrement la fusion et y vois la musique du futur, j'ai un gros (gros) (voire très gros) faible pour ce groupe-là...
(3) Achetez-le ou faites-le vous prêter, c'est une hérésie d'écouter cette merveille en MP3 merdique...

dimanche 9 octobre 2011

Magnus Öström

Magnus Öström : Thread Of Life
(2011 - Act Music)

Suite à la mort tragique d'Esbjörn Svensson et la disparition prématurée de l'Esbjörn Svensson TrioDan Berglund et Magnus Öström ont poursuivi séparément leur carrière.
Avec ce premier album, Magnus Öström ne s'éloigne pas vraiment de la musique jouée précédemment, bien que certains morceaux puissent s'apparenter davantage au jazz rock. Le son et les compositions de Thread Of Life renvoient néanmoins très souvent à ceux du trio disparu et en font un album-hommage. (1)
Si l'on peut regretter que Magnus Öström n'ait pas davantage innové, que ce premier album semble rester volontairement en-deçà de la brillance du trio disparu, il n'en vaut pas moins le détour et l'on peut supposer que le batteur finira par s'émanciper de l'énorme présence du pianiste de génie qu'il a accompagné durant des années.
Quelques exemples : Afilia MiBallad For E.

Musiciens  et invités :
- Thobias Gabrielson : basse
- Andreas Hourdakis : guitares
Gustaf Karlöf : claviers
Magnus Öström : batterie
- Pat Metheny : guitare
Dan Berglund : basse

(1) Dan Berglund, le bassiste d'E.S.T. a également  sorti deux albums, Dan Berglund's Tonbruket et Dig It To The End, plus éclectiques, plus personnels et plus difficiles d'accès.

jeudi 6 octobre 2011

Flook

Flook : Rubai
(2002 - World Village USA)

Groupe anglo-irlandais, Flook joue une musique traditionnelle irlandaise qu'il prend plaisir à bousculer par des rythmes modernes, du jazz et, plus rarement, des influences d'autres pays.  Le niveau hautement technique et la rapidité de jeu de la plupart des compositions n’ôtent rien à leur fraîcheur et, à l'instar de Kíla, rester immobile durant plus d'un titre du groupe devient une véritable gageure.
Ici, les flûtes sont à l'honneur, Flook ayant été formé par trois flûtistes. (1) Mais les autres musiciens, tout aussi impressionnants et loin de tenir de simples rôles d'accompagnateurs, les mettent merveilleusement en valeur.
À l'écoute des albums de Flook, l'écoute est reine. Même si c'est également vrai pour tous les bons groupes, ici, l'écoute... s'entend. (2)
Trois albums d'une richesse surprenante dont la répétition n'enlève rien au plaisir.

Musiciens :
- Sarah Allenflûte, flûte alto et accordéon diatonique
Brian Finnegan : flûte en bois et tin whistle
Ed Boyd : guitare et bouzouki irlandais
John Joe Kelly : bodhrán et mandoline
Damien O'Kane : banjo et guitare

(1) Bien que l'un d'eux, Michael McGoldrick, ait quitté le groupe avant que le premier enregistrement en studio (Flatfish, 1999) ne sorte.
(2) Hé, hé...

mercredi 5 octobre 2011

Kíla

Kíla : Tóg É Go Bog É
(1997 - Kíla Records)

Parmi les nombreux groupes jouant de la musique traditionnelle irlandaise, Kíla est de ceux qui aiment s'inspirer d'autres styles. Ici, c'est de musiques traditionnelles d'autres pays qu'il s'agit. Si cette caractéristique tient beaucoup au percussionniste et chanteur Rónán Ó Snodaigh, (1) certaines mélodies nous entraînent également sous d'autres latitudes comme la Grèce, l’Afrique...
L'Irlande reste néanmoins si présente dans cette musique qu'il est tout de même difficile de la qualifier de fusion. (2)
Loin de ces groupes qui mettent la tradition irlandaise en avant, (3) Kíla, par ces influences ethniques différentes et l'emploi d'instruments modernes, se distingue par un son des plus personnels qu'une virtuosité sans tâches vient appuyer.
Si Tóg É Go Bog É est l'album par lequel j'ai découvert le groupe, l'intégralité de sa production (4) reste incontournable à mes yeux, ses concerts offrants des moments époustouflants et magiques.

Musiciens :
- Rónán Ó Snodaigh : bodhrán, djembe, congas, bongos, guitar, vocals
- Rossa Ó Snodaigh : tin whistle, low whistle, clarinet, bouzouki, mandolin, bones, vocals
- Colm Ó Snodaigh : flute, tin whistle, guitar, saxophone, percussion, vocals
- Lance Hogan : guitar, drums, vocals
- Brian Hogan : bass, double bass, vocals
- Dee Armstrong : fiddle, viola, hammered dulcimer, accordion, bodhrán
- Eoin Dillon : uileann pipes, tin whistle, low whistle, shakers, vocals

(1) Que les amateurs de Dead Can Dance connaissent bien puisqu'il tenait également les percussions de ce groupe lors des concerts.
(2) À mon sens, puisque c'est ainsi qu'ils se présentent eux-mêmes : « Kíla, playing a fusion of irish and world music ».
(3) Mais que j'apprécie tout autant.
(4) Musique de films comprises, tout particulièrement celle du somptueux film d'animation The Secret of Kells.

jeudi 29 septembre 2011

Le Silence de la cité

Elizabeth Vonarburg : Le Silence de la cité
éd. Denoël Présence du futur, 1981
couv. Stéphane Dumont


Dans la Cité où ils se sont repliés à l'heure des Abominations, les scientifiques presque immortels, derniers dépositaires de la civilisation, s'ennuient tandis qu'à l'extérieur se succèdent les générations de mutants barbares.
Dernière enfant de la Cité, fruit des expériences génétiques de Paul, Élisa apprend à connaître son corps et ses facultés d'autoregénération et reprend à son compte le Projet des généticiens : réensemencer la race humaine, à l'extérieur de la Cité trop dorée et corruptrice et lui transmettre ses nouveaux pouvoirs.
Mais c'est compter sans les données psychologiques individuelles qui font l'originalité de l'homme et qui seules, peuvent mettre en échec le programme le plus habilement informatisé.
Une étonnante saga, riche et dense, peuplée de personnages du futur, mais qui parlent le langage éternel de l'amour et de la douleur.
Élisa, devant le triste spectacle laissé par les générations humaines passées, se donne pour but d'orienter le futur en le préservant des erreurs connues dont les mémoires de la cité témoignent et les moyens scientifiques dont elle dispose lui donnent de bons espoirs de réussite.
Néanmoins, aussi fortes et belles soient l'intention et la volonté d'atteindre un but aussi louable, ne pas envisager que toute planification bifurquera vers sa propre voix est en soit une erreur. S'il est impossible de corriger les erreurs du passé, en exempter le futur l'est tout autant. Orienter les choses dans la meilleure direction possible, avec le plus de précision possible, reste le maximum que l'on puisse tenter pour ne pas retomber dans les mêmes pièges.
Ce premier roman d'Elizabeth Vonarburg, à sa parution, confirme (1) l'arrivée d'un auteur des plus intéressants, un auteur qui pose un regard neuf sur le genre. Bien que m'ayant moins impressionné à la seconde lecture, (2) Le Silence de la cité reste un roman fort et captivant par les thèmes qu'il aborde.

(1) Elizabeth Vonarburg avait déjà publié un certain nombre de nouvelles déjà remarquées.
(2) Qu'un intervalle d'une vingtaine d'années sépare de la première, sinon plus.