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jeudi 29 septembre 2011

Le Silence de la cité

Elizabeth Vonarburg : Le Silence de la cité
éd. Denoël Présence du futur, 1981
couv. Stéphane Dumont


Dans la Cité où ils se sont repliés à l'heure des Abominations, les scientifiques presque immortels, derniers dépositaires de la civilisation, s'ennuient tandis qu'à l'extérieur se succèdent les générations de mutants barbares.
Dernière enfant de la Cité, fruit des expériences génétiques de Paul, Élisa apprend à connaître son corps et ses facultés d'autoregénération et reprend à son compte le Projet des généticiens : réensemencer la race humaine, à l'extérieur de la Cité trop dorée et corruptrice et lui transmettre ses nouveaux pouvoirs.
Mais c'est compter sans les données psychologiques individuelles qui font l'originalité de l'homme et qui seules, peuvent mettre en échec le programme le plus habilement informatisé.
Une étonnante saga, riche et dense, peuplée de personnages du futur, mais qui parlent le langage éternel de l'amour et de la douleur.
Élisa, devant le triste spectacle laissé par les générations humaines passées, se donne pour but d'orienter le futur en le préservant des erreurs connues dont les mémoires de la cité témoignent et les moyens scientifiques dont elle dispose lui donnent de bons espoirs de réussite.
Néanmoins, aussi fortes et belles soient l'intention et la volonté d'atteindre un but aussi louable, ne pas envisager que toute planification bifurquera vers sa propre voix est en soit une erreur. S'il est impossible de corriger les erreurs du passé, en exempter le futur l'est tout autant. Orienter les choses dans la meilleure direction possible, avec le plus de précision possible, reste le maximum que l'on puisse tenter pour ne pas retomber dans les mêmes pièges.
Ce premier roman d'Elizabeth Vonarburg, à sa parution, confirme (1) l'arrivée d'un auteur des plus intéressants, un auteur qui pose un regard neuf sur le genre. Bien que m'ayant moins impressionné à la seconde lecture, (2) Le Silence de la cité reste un roman fort et captivant par les thèmes qu'il aborde.

(1) Elizabeth Vonarburg avait déjà publié un certain nombre de nouvelles déjà remarquées.
(2) Qu'un intervalle d'une vingtaine d'années sépare de la première, sinon plus.

lundi 26 septembre 2011

Eden Rose

Eden Rose : On The Way To Heaven
(1970 - Katema)

Parmi les étoiles filantes n'ayant qu'un unique album à leur actif, Eden Rose est l'une de celles dont l'éclat fait regretter une existence aussi brève. (1)
Exclusivement instrumental, cet album propose une musique travaillée, spontanée, (2) empruntant au blues rock, à la pop, au rock progressif ou au jazz et offre un son que l'on n'entend pas souvent en France au cours de ces années-là.
Si le claviériste Henri Garella est omniprésent et brillant tout au long de cet album, aussi bien lors de morceaux rapides, de solos décoiffants, ou d'accompagnements dont l'ossature solide lie admirablement les autres instruments, tous les musiciens restent à la hauteur et font de ce disque un moment certes trop court mais dont on peut se régaler.
Quelques exemples : TravellingFaster and FasterReinyet Number.

Musiciens :
- Christian Clairefond : basse
- Henri Garella : claviers
- Michel Julien : batterie
- Jean-Pierre Alarcen : guitare


(1) En tout cas sous cette formation puisque les différents musiciens, une fois le groupe éclaté, ont accompagné diverses stars françaises comme Jacques Dutronc, Michel Sardou, Michel Delpech, Charles Aznavour, France Gall, Sacha Distel et quelques autres. (Quel gâchis...)
(2) Bien qu'enregistrée en studio, elle l'est dans les conditions du live.

Free

Free : Free
(1969 - Island Records)

En 1968, 1969 et 1970, le groupe anglais Free sort ses trois premiers albums, (1) n'obtenant un réel succès auprès du public qu'avec le troisième et le titre mondialement connu All Right Now.
Pourtant, ces trois albums présentent le même style de musique, un blues rock relativement lourd et primaire mais aux mélodies recherchées, le même son brut, direct et sans fard, la même formation de quatre musiciens doués. Rien n'explique que les deux premiers albums n'aient pas eu le même retentissement que le troisième. (2)
Par la suite, le groupe sera nettement moins créatif et fera se retourner l'auditeur vers les trois premières années et l'inspiration brute des quatre jeunes talentueux anglais. (3)

Musiciens :
- Andy Fraser : basse
- Simon Kirke : batterie
- Paul Kossof : guitare
- Paul Rodgers : chant

(1) Tons of Sobs (1968), Free (1969) et Fire and Water (1970).
(2) Cela dit, il n'y a rien d'objectif dans la mise en avant de ce second album parmi ces trois-là. Quelques dizaines d'écoutes attentives de chacun d'eux m'y font néanmoins revenir invariablement sans que je parvienne réellement à en déterminer la raison. Il me fait juste dire « Wow... » plus souvent que les autres, une réaction qui ne relève plus de la surprise depuis la cinquième écoute environ.
(3) Tous quatre ont moins de 19 ans en 1968...

dimanche 25 septembre 2011

Mr. Bungle

Mr. Bungle : Mr. Bungle
(1991 - Warner Bros Records)

Existant depuis 1985 ce n'est que six ans plus tard que Mr. Bungle sort son premier album chez une maison de disque importante, principalement en raison du succès rencontré par Faith No More, groupe aux styles variés (1) dont Mike Patton est également le chanteur depuis 1988. Aussi éclectique que soit ce groupe renommé, une écoute comparative laisse peu de doutes quant au fait que Mike Patton s'y sent à l'étroit (2).
C'est bel et bien au sein de Mr. Bungle que cet artiste peut laisser libre cours à sa démesure et son manque de goût pour les concessions. Produisant avec son groupe une musique travaillée, complexe, pleine d'humour et de dérision, plutôt difficile d'accès,  empêchant constamment l'auditeur de se reposer sur un son ou un style constant et n'hésitant pas à sauter d'un style à l'autre dans un même morceau... et ce à chaque morceau. À moins de la connaître par cœur, il me semble difficile d'envisager apprécier cette musique en pratiquant une autre activité simultanément.
Mike Patton, boulimique de travail, multiplie les expériences et les projets, (3) va jusqu'à refuser les propositions de groupes bien assis commercialement, (4) pour se donner le loisir d'aller toujours plus loin dans ses expérimentations musicales et vocales.
Des trois albums de Mr. Bungle, celui-ci est, à mon sens, celui qui offre la plus grande unité, le second étant le plus expérimental, le troisième le plus facile d'accès, l'humour étant bien évidement présent sur chacun.
Quelques exemples : Quote UnquoteSlowly Growing DeafSqueeze Me MacaroniCarousel.

Musiciens :
- Mike Patton : chant
- Danny Heifetz : batterie
- Trey Spruance : guitare
- Trevor Dunn : basse
- Clinton McKinnon : sax ténor
- Theobald Brooks Lengyel : sax alto et bariton
- David Shea : turntables
- Yeesus Krist : chœurs
- Kahli : chœurs
- Jennifer : chœurs

(1) Heavy metal, punk, funk, rock progressif, soul, hip hop...
(2) Tout du moins musicalement puisqu'il se charge de l'écriture des textes la plupart du temps.
(3) Il créé Fantômas en 1999 pour repousser les limites de sa conception du chant et auquel participent des musiciens de Mr. Bungle, Melvins et Slayer, Tomahawk en 2000 avec Duane Denison, ancien guitariste du groupe Jesus Lizard et multiplie les collaborations les plus diverses.
(4) Notamment, il refuse les invitations d'anciens musiciens du groupe Guns 'n Roses (dont Slash) et du groupe INXS à les rejoindre sous prétexte d'être débordé.

Rory Gallagher

Rory Gallagher : Irish Tour '74..
(1974 - Chrysalis Records)

Compositeur, chanteur et guitariste irlandais, Rory Gallagher est considéré comme l'un des plus grands musiciens de son époque. (1) Qualifiée de hard, sa musique est un blues rock énergique et effectivement assez lourd, contrastant étonnement avec la maîtrise technique de son jeu époustouflant.
Si tous ses albums enregistrés en studio valent le coup d'être écoutés (2), c'est lors de ses concerts qu'il reste le plus brillant, l'environnement du live laissant libre cours à son sens de l'improvisation et prouvant la maîtrise totale qu'il a de son instrument de prédilection. (3)
Enregistré lors de concerts donnés dans son pays d'origine, cet Irish Tour '74.. propose quelques reprises d'autres artistes (4) mais la plupart des titres sont de Rory Gallagher et, comme c'est souvent le cas lors de ses concerts, beaucoup sont inédits.

Musiciens :
- Rory Gallagher : chant, guitare, harmonica
- Gerry McAvoy : basse
- Rod De'Ath : batterie, percussions
- Lou Martin : claviers

(1) Entre autres brillants hommages, Le Plan, une salle de concerts située dans une rue sans nom de Ris Orangis (France) où Rory Gallagher à joué en 1994, a obtenu officiellement d'être situé au 1, rue Rory Gallagher. À ma connaissance, cette rue ne présente pas d'autres numéros à ce jour.
(2) Particulièrement ceux du début de sa carrière, y compris ceux de son premier groupe, Taste.
(3) Outre la guitare, Rory Gallagher joue aussi de l'harmonica, de la mandoline et du saxophone.
(4) I Wonder Who (2), Too Much Alcohol (4), As The Crow Flies (5), Just A Little Bit (10) sont respectivement de Muddy Waters, J. B. Hutto, Tony Joe White et Rosco Gordon.

jeudi 22 septembre 2011

Bob Seger & The Silver Bullet Band

Bob Seger & The Silver Bullet Band : Live Bullet
(1976 - Capitol)

Bob Seger, compositeur, chanteur, guitariste et organiste, débute une carrière musicale en 1964 dont le point culminant, à mon sens, se situe en 1976 avec cet album fabuleux qu'est le Live Bullet.
Les quatorze titres qu'on y trouve (1) figurent déjà dans les quatre albums qui le précèdent (2), à l'exception de Ramblin' Gamblin' Man qui est tiré de son second album du même nom et datant de 1969.
Attaquant bille en tête par un morceau très énergique, ce live se poursuit par des ballades puis enchaîne des titres beaucoup plus rythmés jusqu'à la fin de l'album qui s'achève dans une ambiance très électrique.
En grande forme, Bob Seger et son groupe offrent là une prestation intense et quelques morceaux de leur période créative la plus intéressante. (3)
Un album plein d'enthousiasme, à savourer de manière répétée et sans la moindre modération.
Quelques exemples : Bo DiddleyRamblin' Gamblin' Man, (K... K... K... K... K... K...) KatmanduGet Out Of Denver.

Musiciens :
- Bob Seger : chant, guitare, piano
- Drew Abbott : guitare, chœurs
- Alto Reed : sax tenor, sax alto, sax bariton, percussion, chœurs
- Robyn Robins : orgue, clavinet, mellotron, piano (sur Katmandu)
- Chris Campbell : basse, chœurs
- Charlie Allen Martin : batterie, chœurs

(1) Dont quatre - Nutbush City Limits (1), I've Been Working (5), Bo Diddley (8) et Let It Rock (14) - sont respectivement de Tina Turner, Van Morrison, Bo Diddley et Chuck Berry.
(2) Smokin' O.P.'s (1972), Back In '72 (1973), Seven (1974) et Beautiful Loser (1975), ces albums sont peut-être les meilleurs de ce musicien.
(3) Et qui rend totalement inutiles les différentes compilations éditées bien plus tard.

lundi 19 septembre 2011

Stellamara

Stellamara : The Golden Thread
(2009 - Lucidity Music)

Dès son premier album, (1) Stellamara se place aux côtés de ces groupes inspirés par les musiques du passé. S'il nous rappelle beaucoup la « mouvance Dead Can Dance » par ses sonorités et ses rythmes, il s'en éloigne rapidement et avoue franchement son goût prononcé pour la tradition dès le suivant. (2) The Golden Thread, dernier album en date, hormis trois titres qui prennent plaisir à mêler les genres et les époques, laisse une place d'honneur à la tradition. (3)
Fondatrice et productrice du groupe, d'origine serbo-hongroise, Sonja Drakulich place parfaitement sa voix sur les différents styles, tient aussi les percussions et s'encadre de musiciens tous plus virtuoses les uns que les autres.
Parmi eux, Gary Hegedus, qui s'est consacré à l'étude de la musique celtique avant de s'orienter vers la musique traditionnelle turque, parcours qui n'est pas sans rappeler celui d'un autre musicien d'envergure également présent sur cet album : Ross Daly. (4)
 Ayant eu le malheur de voir Stellamara estampillé « new age » au gré de mes recherches, j'insiste sur le fait qu'il s'agit sans conteste de musique traditionnelle, même si les origines en sont diverses et l'interprétation relativement moderne, comme on peut s'y attendre de la part d'un groupe actuel, enregistré avec les moyens techniques de son époque.
Quelques exemples : Aman DoktorPrituri Se PlaninataOdam Kireç.

Musiciens et invités :
- Sonja Drakulich : voix, tambour sur cadre
- Gary Hegedus : oud, baglama, mandocello
- Rufus Cappadocia : violoncelle à cinq cordes
- Peter Jaques : clarinette
- Tobias Roberson : darbuka, dahola, tambour sur cadre, tapan, cajòn
- Ross Daly : lyra, baglama, divan saz, tarhu, rebab afghan
- Kelly Thomas : lyra
- Shahab Paranj : tombak, Koseh (sur Element et Lado)
- Hamed Nikpay : Setar (sur Lado)
- Christopher K. : tambour sur cadre (sur Element)

(1) Star of the Sea sort en 1997.
(2) The Seven Valleys, 2004.
(3) Prelude (1) offre des improvisations de Gari Hegedus et Peter Jaques, Azade (5) est une composition de Gari Hegedus et Element une composition de Rufus Cappadocia, les autres titres (2, 3, 4, 6, 7 et 8) offrant des interprétations de traditionnels (respectivement) turc, hongrois, turc, bulgare, turc et croate.
(4) Les amateurs de musiques traditionnelles peuvent s'abstenir de lire cette note : Ross Daly est un musicien irlandais qui s'est passionné pour les musiques indienne, ottomane, crétoise et turque et fait figure de référence dans ces domaines depuis de nombreuses années. Un invité de marque s'il en est, qui, plus que d'augmenter la valeur du groupe, confirme et approuve bel et bien une qualité aussi grande qu'incontestable.

samedi 17 septembre 2011

Stabbing Westward

Stabbing Westward :  Ungod
(1994 - Columbia)

Groupe américain créé en 1985 à Chicago, Stabbing Westward, même s'il possède un esprit rock 'n roll, peut se situer à la frontière des genres. En effet, guitares affûtées ou saccadées et basse ronflante sont appuyées par un son électronique. Mais là ou d'autres groupes de rock industriel se contentent de donner un rôle d'encadrement aux claviers, celui-ci parvient à un mariage équilibré et leur laisse toutes leurs particularités respectives. Naviguant suavement entre ces deux blocs de connivence, de longues tranches mélancoliques et sombres viennent les lier davantage et permettent à une voix masculine d'exprimer des nuances que la rugosité plus générale tolère moins.
À sa sortie, le premier album propose une ambiance nouvelle au sein de ce paysage sonore et, d'emblée, se pose comme l'un des groupes les plus créatifs et les plus intéressants de ces années-là. Le second et le troisième, différents mais conservant une identité sonore indéniable, (1) un sens mélodique certain et l'envie évidente de surprendre constamment, poursuivent dans ce sens et peaufine ce style bien particulier.
Certainement du fait de faibles ventes, le groupe décide un changement d'orientation et, pour notre plus grosse déception, y parvient radicalement. Sans titre, le quatrième album sort en 2001 et aligne des compositions toutes plus plates et lassantes les unes que les autres dont l'écoute devient vite insupportable (2) et dont les radios (3) sont curieusement si friandes.
Quelques exemples : LostControlACFLies.

Musiciens :
- Christopher Hall : chant, guitare
- Walter Flakus : claviers
- Jim Sellers : basse
- Stuart Zechman : guitare
- David Suycott : batterie

(1) Bien que plusieurs changements de musiciens aient eu lieu tout au long de la carrière du groupe.
(2) Environ vers la moitié du troisième morceau.
(3) Commerciales, bien entendu, celles qui estiment qu'un bon groupe doit plaire au plus grand nombre donc être « passe-partout », sans aspérités, et ressembler à tout autre groupe diffusé sur cette même radio

mercredi 7 septembre 2011

Le Frère des dragons

Charles Sheffield : Le Frère des dragons
Brother to Dragons (1992)
éd. Le Livre de Poche, 1999
trad. Guy Abadia, couv. Manchu

Job Napoléon Salk, né dans le ruisseau d'une Amérique ravagée par la crise économique et la pollution, en proie à la tyrannie des Princes, a appris à survivre en enfer.
Bonne école pour la Dent du Nebraska. Une zone où l'on entasse les déchets chimiques et nucléaires de tout un continent.
Et où l'on déporte les scientifiques, réputés responsables du désastre écologique, la Grande Cassure.
Dell, factotum des Princes, veut savoir ce que l'on y mijote.
Quel meilleur agent que Job envoyer sur ce tas de fumier ?
Charles Sheffield étant lui-même scientifique, rien d'étonnant à ce que cette discipline soit au centre de ses romans, ainsi que l'amalgame facile qui fait des scientifiques et du progrès le premier des coupables lorsque les choses dérapent. (1)
Mais ici, même si la sympathie bien compréhensible qu'éprouve Sheffield pour sa discipline reste évidente, c'est bel et bien de sociologie dont il nous parle. Job, le personnage principal du roman, n'est pas un scientifique et permet à l'auteur de poser un regard objectif sur les deux pôles qui s'y affrontent : les scientifiques et les dirigeants tyranniques.
A mon sens, dès les premières secondes de sa naissance difficile, Job incarne le hasard, cette variable enfouie dans l'immense majorité qui, indépendamment des jeux de pouvoirs, peut tout faire basculer par conviction personnelle ou sur un simple coup de tête.
Personnage rescapé, improbabilité notoire d'un bout à l'autre de cette histoire, n'ayant jamais le choix de ses actes et traînant un rôle de témoin impuissant, il devient de façon soudaine et improvisée l'incarnation du pouvoir de décision.
C'est là, (2) le véritable héros de l'histoire : le pouvoir de décision. Alors que les uns cherchent à conserver leurs privilèges, que d'autres agissent par amertume ou esprit de revanche, Job, lui, ne fait que subir et juge ce et ceux qui l'entourent à l'étalon de son existence sursitaire. Lui, entre tous, n'est pas assujetti à un mode d'existence qu'il doit protéger.
Après deux lectures, je ne parviens pas à déterminer si ses actes sont dictés par le sens de la justice. Mais, clairement, il est provoqué par l'impasse totale  qu'est la situation du monde dans lequel il vit, (3) une situation qui ne pourra évoluer qu'après un changement radical.
Son attitude, sa décision et son geste sont-ils justes ? C'est toute la force de ce roman de Sheffield : chaque lecteur en jugera en son âme et conscience... M'est avis que son souhait serait de ne voir aucun d'eux en tirer de certitudes mais un vaste sujet de réflexion permanente.

(1) Attitude on ne peut plus réaliste, malheureusement, et que l'on peut déplorer presque quotidiennement.
(2) À mon sens toujours...
(3) Et qui, de manière assez effrayante, est si proche du notre...

mardi 6 septembre 2011

Éclipse totale

John Brunner : Éclipse totale
Total Eclipse (1974)
éd. Le Livre de Poche, 1991
trad. de Mary Rosenthal, couv. de Manchu

À dix-neuf années-lumière de la Terre, sur Sigma Draconis, une expédition interstellaire terrienne avait découvert pour la premières fois les traces d'une civilisation étrangère avancée.
Ces traces étaient vieilles de cent mille ans.
Ce qui était beaucoup plus étrange, c'était qu'entre l'apparition de l'intelligence sur ce monde et la disparition définitive de cette civilisation, il ne s'était écoulé que trois millénaires.
L'ombre d'un instant dans les profondeurs du temps.
Qu'est-ce qui avait tué les crabes intelligents de Sigma du Dragon ?
Un criminel cosmique menace-t-il la Terre ?
Dans ce court et sombre roman, (1) Brunner nous brandit une fois de plus nos propres contradictions à la figure.
Aussi différente qu'a pu être cette civilisation étrangère, nous sommes sans arrêt confrontés à l'idée que son drame pourrait être le nôtre, et la plongée dans son passé afin de découvrir les raisons de son extinction se fait introspective.
Bien sûr, on pourra reprocher à l'auteur d'avoir créé une race qui semble posséder les mêmes concepts que les nôtres mais, comme bien souvent, cette astuce que la SF rend possible (2) ne sert qu'à nous éloigner de nos propres raisonnements afin de mieux les distinguer.
Le message de Brunner est sans équivoque : si nous ne prenons pas le recul nécessaire pour comprendre ce que nous faisons, quelles en sont les raisons et la direction dans laquelle cela nous mène, (3) nous subirons le même sort que cette civilisation avancée.
Mais le pessimisme de l'auteur est néanmoins nuancé par l'idée  même de l'expédition terrienne car elle suggère que, si par malheur notre civilisation prenait le même triste chemin, une autre viendrait à son tour l'étudier et, peut-être, éviterait-elle à son tour de sombrer dans les mêmes travers. Dans ce cas, pourquoi pas la nôtre ?
John Brunner est un auteur convaincant mais combien sommes-nous à l'avoir lu ? Et comment ?

(1) Comme le sont beaucoup de romans de cet auteur.
(2) Donner à une idée familière une origine si étrange qu'elle paraît ne plus nous appartenir.
(3) Donc : juger du bien-fondé de ces raisons.

lundi 5 septembre 2011

Orange Blossom

Orange Blossom : Everything Must Change
(2005 - Bonzaï Music)

Suite à un premier album sorti  en 1997 chez Prikosnovénie, (1) le groupe nantais Orange Blossom récidive huit ans après en nous offrant le somptueux et lucidement nommé Everything Must Change. Sa musique navigue toujours dans un mélange de trip hop et de musiques orientales, le chant et le langage de Leïla Bounous l'encrant plus que jamais dans le moyen orient et faisant bien évidement penser à un autre groupe amateur de mélanges d'électronique, de rythmes endiablés et de musiques du monde : Transgobal Underground.
Pour la plupart entraînants, les titres de ce second disque offrent une plus grande unité, les machines demeurant très présentes et assurant la cohésion et la couleur personnelle de l'ensemble.
Une fois de plus nous avons un magnifique exemple de mariage entre des genres musicaux très variés, tant par leurs origines géographiques que temporelles.
Quelques exemples : MalditoHabibiDenyaCheft el khof.

Musiciens :
- Leïla Bounous : chant
- P. J. Chabot : violon
- Carlos Robles Arena : programmation, percussions
- Mathias Vaguenez : bougarabou, djembé

(1) Album des plus recommandables qu'il serait dommage de manquer tant pour son originalité que son ambiance étrange et séduisante.

vendredi 2 septembre 2011

Les Chronolithes

Robert Charles Wilson : Les Chronolithes
The Chronoliths (2001)
éd. Denoël Lunes d'encre, 2003
trad. Gilles Goulet, couv. Manchu

Scott Warden était là à Chumphon, Thaïlande, quand le premier chronolithe est apparu : un obélisque de plus de cent mètres de haut, d'un bleu impossible, gelant un paysage de jungle dévasté ; un monument commémorant une victoire, celle du seigneur de guerre Kuin, victoire qui n'aura lieu que dans vingt ans et trois mois. Mais qui est Kuin ? Un tyran, le sauveur d'une humanité à la dérive, un extraterrestre aux traits indubitablement asiatiques, un futur dirigeant chinois, une rumeur qui, grâce à la turbulence Tau, deviendra réalité ? Et que sont réellement ces chronolithes qui ravagent le monde ? C'est à toutes ces questions que Scott et son ancien professeur de physique, Sumalith Chopra, devront répondre, non sans avoir à parcourir le globe, de Chumphon à Jérusalem, du Mexique au Wyoming.
Bien que n'offrant pas le souffle et la démesure de Spin, ce roman valu également un prix Hugo à Robert Charles Wilson. Comme dans toutes les œuvres de l'auteur canadien, les recettes y sont les mêmes : des événements échappant au contrôle et à la compréhension des hommes surviennent, bouleversant tous les acquis et toutes les existences. Et ici aussi, Wilson se préoccupe davantage des bouleversements subis par les individus qu'il met en scène plutôt que de relater une histoire générale.
Les chronolithes destructeurs qui apparaissent tout autour du monde sont d'autant plus inaccessibles que leur créateur n'existe pas encore. Wilson reprend le déjà vieux thème du paradoxe temporel et, minutieusement, montre en main, nous entraîne vers un dénouement à l'image de ses histoires : irréfutable mais sollicitant les doutes et la réflexion quant à la perception que nous pouvons avoir de notre environnement.
Quand la pirouette du paradoxe est exécutée, comme ici, avec autant de suspens et de précision, on ne peut que s'incliner.