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jeudi 8 novembre 2012

Ora : cle

Kevin O'Donnell : Ora : cle
Ora : cle (1983)
éd. Le Livre de poche, 1992
trad. Jacques Polanis, couv. Manchu

Depuis que les Dacs ont envahi la Terre, il est dangereux de sortir de chez soi. Même pour se promener sur son balcon.
Ils ont, en effet, la fâcheuse habitude de se livrer à la chasse à l’humain. Mais aussi, pourquoi quitter son appartement électronique, super-automatisé, branché sur le monde entier à travers tous les réseaux informatiques et alimenté à domicile par transmateur, une espèce de vire-matière ?
C'est bien la question que se pose le paisible Aël Elcatravain, un des experts secrets d'Ora : cle - Opinions, Recherches, Avis : Consultants par Liaison Électronique - jusqu'à ce qu'on essaie de le tuer chez lui.
Et de menacer la douce Emdée Aussincante, sa tendre épouse.
Kevin O'Donnell évoque dans ce roman haletant la vie quotidienne dans un monde de l'avenir proche, informatisé à l'extrême, de la veine des célèbres Sur l'onde de choc et Tous à Zanzibar de John Brunner.
Ora : cle a obtenu le prix Mannesman Tally.
(1)
Au-delà de l'intrigue captivante, de l'enquête menée par Aël Elcatravain et du dénouement final surprenant, le recul acquis avant cette seconde lecture permet d'avoir des éléments de comparaisons entre les réseaux électroniques qui ont envahi notre univers et ceux que décrit Kevin O'Donnell dans son roman. Si ces derniers peuvent paraître relativement simplistes, ils restent néanmoins très proches de ce qui nous entoure   aujourd'hui tout en étant agrémentés de petites touches spéculatives qui nous rappellent que nous n'en sommes qu'aux balbutiements de cette révolution informatique et des modes de vie qui en découlent.
Haletantes de bout en bout, les aventures d'Aël Elcatravain, un homme qui ne s'éloigne jamais de plus de quelques étages de son appartement (et encore, seulement s'il y est forcé), (2) ne laissent pas moins la place aux questions que se pose l'auteur sur les relations, les avantages et les dangers qu'implique l'utilisation de cette technologie.
Diffusion instantanée de l'information (exacte comme fausse), importance vitale de la libre circulation de l'information et, paradoxalement, crainte de voir celle-ci tomber entre de mauvaises mains ou simplement mal utilisée, donc véritable interrogation sur le concept de censure. Les questions soulevées, directement ou non, se succèdent et perdurent bien après avoir refermé ce fabuleux huis-clos, seul et unique roman traduit en français de cet auteur. (3)

(1) « Mais dans vingt ans, on relira peut-être avec attendrissement, sans nul doute avec intérêt, Ora : cle en considérant probablement la popularisation des ordinateurs et de leurs multiples descendants comme une révolution aussi importante pour l'histoire de l'espèce humaine que le fut celle de l'agriculture au néolithique », écrivait Gérard Klein dans sa préface à cette édition d'Ora : cle. Une supposition qui s'avère exacte en ce qui me concerne, vingt années séparant précisément la présente et seconde lecture de ce roman de la précédente.
(2) Et même pas par les courses ! Heureux homme...
(3) Visiblement, Kevin O'Donnell est bien plus productif que ça, si certains ont la chance d'être meilleurs lecteurs anglophones que moi... A tout hasard : je ne cracherais pas sur un retour.

mardi 2 octobre 2012

Les Manuscrits de Kinnereth

Frédéric Delmeulle : Les Manuscrits de Kinnereth
(2010)
éd. Le Livre de Poche, 2012
couv. Michael Hall

De mystérieux manuscrits découverts dans le désert de Neguev sont soumis à Sphinx et Yove, experts en documents énigmatiques. Ils semblent avoir été rédigés par un contemporain de Jésus de Nazareth et, bizarrement, comportent des indices sur Childebert Kachoudas, ex-compagnon de la charmante Sphinx, disparu dix ans plus tôt. Dans le Neguev, Sphinx et ses amis vont retrouver comme par miracle le Vertov, sous-marin nucléaire transformé en machine à voyager dans le temps.
Merveilleux engin pour remonter à l'époque de la rédaction des manuscrits de Kinnereth, de la Crucifixion, et peut-être de la retraite de Childebert. Et découvrir l'origine de bien des choses... Frédéric Delmeulle donne un nouveau volet, plutôt qu'une suite, à La Parallèle Vertov, publié dans la même collection.
Avec Les Manuscrits de Kinnereth, Frédéric Delmeulle nous offre bel et bien la suite de son roman précédent dont il reprend la conclusion (1) et poursuit son idée, après nous avoir entraînés sciemment dans diverses directions trompeuses.
Alors que La Parallèle Vertov était brillamment mené et des plus enthousiasmants, ce second tome s'avère beaucoup moins solide à mes yeux. Peut-être que le contraste entre les thèmes et le ton employé par l'auteur, délibérément moins sérieux, les deux sujets traités parallèlement ici qui n'ont finalement qu'un vague rapport, ou cette manière d'avoir attiré le lecteur dans une direction pour mieux l’entraîner à la fin dans une autre en sont les raisons ?
Néanmoins, Frédéric Delmeulle mène son idée jusqu'au bout (2) et, si ce second tome n'est pas à la hauteur du précédent, il se laisse lire sans déplaisir et me poussera à guetter avec une grande curiosité la parution de son prochain ouvrage. Avec un bon espoir de retrouver l'auteur et la patte de La Parallèle Vertov.
J'attends...

(1) Une conclusion qui, très largement épaulée par le thème de ce second tome, m'avait fait craindre une suite fumeuse comme on en voit parfois dans la science-fiction, me mettant dans un état d'esprit des plus suspicieux.
(2) Une idée pas si saugrenue qu'elle pourrait paraître au premier abord, qui me fait d'ailleurs penser à une autre, brillamment traitée sous forme de nouvelle (Les Virus ne parlent pas - 1967, ça ne nous rajeunit pas, ma bonne dame ! -, que l'on peut trouver, par exemple, dans Le Livre d'or de la science-fiction de Klein). Je peux me tromper, elles n'ont peut-être aucun rapport ces deux idées. L'une me fait penser à l'autre, voilà tout.

dimanche 23 septembre 2012

Kravetz

Kravetz : Kravetz
(1972 - Vertigo)

Jean-Jacques Kravetz est un brillant claviériste français qui s'est installé très tôt en Allemagne (1) et qui a participé très activement à différents groupes. (2)
Les longues compositions de cet unique album qui porte son nom laissent une grande place à des solos très inspirés, hésitent entre le blues rock et le rock progressif et se distinguent par l'écriture de celles jouées par les autres groupes auxquels Kravetz a participé.
Le chant, sur le particulièrement réussi premier morceau, est assuré par Inga Rumpf dont la voix puissante, androgyne et voilée se marie parfaitement au style de musique et se laisse malheureusement regretter dans les morceaux suivants. (3)
Une très belle réussite néanmoins, qui pousse à découvrir les autres œuvres de la famille de musiciens présente sur cet album.

Musiciens et invités :
- Carl-G. Stephan : basse
- Udo Lindenberg : batterie
- Thomas Kretzschmer : guitares
- Jean-Jacques Kravetz : orgue, piano, synthétiseur, percussions, chant
- Inga Rumpf : chant
- Roger Hook : guitare acoustique

(1) Où il est bien plus connu que dans son pays d'origine.
(2) Dont Atlantis et Frumpy, pour les plus connus, dans lesquels on retrouve les mêmes musiciens qu'ici.
(3) Si la voix de Jean-Jacques Kravetz est loin d'être désagréable, il me semble bien périlleux de passer après Inga Rumpf... Ce qui, à mon sens, est tout aussi vrai pour de nombreux autres chanteurs.

mercredi 19 septembre 2012

Zakarrias

Zakarrias : Zakarrias
(1971 - Deram Records)

C'est en Angleterre que l'autrichien Zakarrias (Robert Haumer de son vrai nom), accompagné de musiciens talentueux, sort son unique album. (1) D'une approche originale à une époque où la grande majorité des groupes de rock servent une musique assez lourde où les guitares occupent tapageusement le devant de la scène, la musique de Zakarrias est nettement plus subtile et personnelle. (2)
Aussi riche que varié, offrant une voix très typée, des mélodies marquantes ainsi que de nombreuses ruptures de rythmes, des orchestrations et des arrangements pour ainsi dire parfaits et, sur certains morceaux, une ombre de jazz, Zakarrias est de ces albums qui prennent un peu plus de saveur à chaque écoute. On peut penser au Just a Poke de Sweet Smoke, que certains passages peuvent d'ailleurs rappeler.
La liste des disques inconnus aussi formidables qu'orphelins s'allonge...

Musiciens :
- Martin Harrison : batterie
- Peter Robinson : claviers
- Don Gould : piano
- Geoff Leigh : saxophone, flûte
- Zakarrias : guitares, basse, chant, kazoo (3)

(1) Il semble que deux singles existent également, sous les noms d'Expiration et Bobby Hammer Band, que je ne connais pas...
(2) Difficile à classer, l'album est désigné comme folk, world, country rock, psychedelic rock et prog rock... Bref, à chacun de le placer dans les genre et style qu'il affectionne.
(3) À la demande générale, un kazoo, c'est ça.

mercredi 12 septembre 2012

Le Monde inverti

Christopher Priest : Le Monde inverti
The Inverted World (1974)
éd. Gallimard, Folio SF, 2011
trad. Bruno Martin, couv. Manchu

« J'avais atteint l'âge de mille kilomètres. De l'autre côté de la porte, les membres de la guilde des Topographes du Futur s'assemblaient pour la cérémonie qui ferait de moi un apprenti. Au-delà de l'impatience et de l'appréhension de l'instant, en quelques minutes allait se jouer ma vie. »
Helward Mann est l'un des habitants de la cité Terre, une mégalopole progressant sur le sol inconnu d'une planète effrayante. Il ne sait rien de l'extérieur et doit maintenant jurer qu'il ne révélera jamais ce qu'il y découvrira. Mais le long des rails qui mènent à l'optimum, Helward découvrira un monde dominé par le chaos et la barbarie, des paysages déformés, éclairés par l'hyperbole du soleil.
C'est avec ce roman, où se mêlent sense of wonder et spéculations scientifiques, que Christopher Priest s'imposa en 1974 comme l'un des plus talentueux auteurs de la science-fiction britannique.
C'est avec ce troisième roman que Christopher Priest se fait mondialement connaître, la phrase d'accroche étant devenue l'une des plus célèbres dans le domaine de la science-fiction.
Tout comme le personnage principal, nous découvrons petit à petit les horizons du monde étrange qui l'entoure et les raisons qui expliquent son mode de vie, les choix que son univers lui impose.
Comme dans tous ses romans, c'est la perception des choses et la valeur de la réalité qui sont au centre des préoccupations de l'auteur. Mais, alors qu'il les agrémente d'interrogations sur l'identité et la mémoire dans Le Glamour, ici sa réflexion se porte davantage sur la connaissance et l'enfermement.
Menant une fois encore le lecteur par le bout du nez, Priest nous offre un roman des plus dépaysant qui, à mon sens, n'a pas pris une ride au cours de ces trente-huit ans.

lundi 30 juillet 2012

The Day After The Sabbath 73

The Day After The Sabbath 73 : Hammond Lord
(1970 - compilation) (1)

The Day After The Sabbath est un blog. 73, c'est le numéro de la dernière compilation en date concoctée par le (ou les) fou(s) qui se cache(nt) derrière ce blog consacré aux rock des années 70. Et quel blog ! Je le connais depuis deux jours et je parviens à peine à redescendre de mon nuage. Quant à la fin de l'immersion...
Pour cette dernière mouture, The Day After The Sabbath rend hommage à Jon Lord(2) malheureusement disparu en ce mois de juillet 2012, et à cet instrument tout aussi génial que dévoyé qu'est l'orgue Hammond. (3)
Cette soixante-treizième compilation nous propose donc quatorze titres de groupes différents compris entre 1967 et 1973. Loin d'être exhaustive, elle s'avère d'un goût certain et peut se targuer d'explorer les recoins ignorés par bien des compilations officiellement mercantiles.
Plus généralement, The Day After The Sabbath se penche de manière thématique (4) sur de nombreux aspects des années 70 et affiche une démarche attentionnée et aussi curieuse que respectueuse. A charge pour chacun d'y faire son chemin.
La compilation : The Day After The Sabbath 73. (5)

(1) Un mot au sujet des compilations : l'une des inventions qui m'énervent le plus au monde, cette manière éhontée de faire passer pour « le meilleur » ce qui se révèle être, après vérification, tout simplement « le plus vendu » ou, un tantinet moins malhonnêtement, « le plus connu ». Si, à quelques exceptions près, les trois peuvent être associés, ça n'a bien généralement strictement rien à voir...
(2) Principalement connu pour avoir fait partie du groupe Deep Purple.
(3) Originellement destiné aux églises trop petites pour accueillir un orgue à tuyaux, l'orgue Hammond évoque tout de même davantage Deep Purple (pour rester sur l'exemple notoire déjà pris) que... les églises.
(4) Bien souvent géographique mais également pour mettre l'accent sur certains instruments ou certains courants majeurs du rock des années 70.
(5) Suffit de trouver le lien et cliquer dessus pour l'avoir...

lundi 23 juillet 2012

Stone The Crows

Stone The Crows : Ode To John Law
(1970 - Polydor)

Formé fin 1969 en Ecosse, Stone The Crows peut aisément rejoindre la multitude de groupes dont le succès à été inversement proportionnel à leurs qualités. Pourtant, les amateurs de blues rock ne s'y sont pas trompés, pas plus que Peter Grant (1) ni les nombreux autres groupes (2) plus chanceux dont Maggie Bell et ses musiciens ont assuré les premières parties.
Le groupe, auteur de quatre albums et quelques live dont Ode To John Law est à mon sens le meilleur en studio, offre un blues rock proche de ce que faisait le Big Brother & The Holding Company de Janis Joplin. Pour parfaire la ressemblance, la voix de l'une est l'exact reflet de celle de l'autre.
Maggie Bell, (3) a fait d'autres albums (6) sous son propre nom et s'est même produite récemment en concert.
Quelques exemples : Sad MaryLove 74Things Are Getting Better, Danger Zone. (4)

Musiciens : (5)
- Maggie Bell : chant
- Les Harvey : guitare
- Colin Allen : batterie
- Jim Dewar : basse
- John McGinnis : claviers

(1) Manager de Led Zeppelin qui a repéré et signé le groupe lors d'une prestation en concert.
(2) Dont Joe Cocker, Frank Zappa, Roxy Music. Mais être " ouverts " à leur tour, tout de même, par Van Der Graaf Generator.
(3) Après la mort d'un musicien, une tentative de poursuite du groupe puis sa dissolution.
(4) A pleurer, ce quatrième titre.
(5) Pour les deux premiers albums, qui précèdent la disparition du guitariste Les Harvey : Stone The Crows (1969) et Ode To John Law (1970).

jeudi 19 juillet 2012

Gagner la guerre

Jean-Philippe Jaworski : Gagner la guerre
(2009)
éd. Gallimard, Folio SF, 2011
couv. Hervé Leblanc

« Gagner la guerre, c'est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d'orgueil et d'ambition, le coup de grâce infligé à l'ennemi n'est qu'un amuse-gueule. C'est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l'art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c'est au sein de la famille qu'on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c'est plutôt mon rayon... »
Gagner la guerre est le premier roman de Jean-Philippe Jaworski. On y retrouve avec plaisir l'écriture inimitable de l'auteur de Janua Vera et don Benvenuto, personnage aussi truculent que détestable. Le livre a obtenu en 2009 le prix du Premier Roman de la région Rhône-Alpes et le prix des Imaginales du meilleur roman français de fantasy.
Après la réussite qu'était Janua Vera, ce premier roman de Jean-Philippe Jaworski nous confirme un auteur difficilement contournable et offre bien d'autres éléments que la qualité et la précision de son écriture pour s'en convaincre. Par l'entremise de don Benvenuto, (1) personnage central du roman, Gagner la guerre nous ramène dans le Vieux Royaume trop brièvement aperçu précédemment et se penche avec beaucoup de précision sur l'un de ses aspects : les luttes de pouvoirs et les intrigues politiques qui déchirent violemment Ciudalia et plus généralement la République dont elle est la Capitale, au lendemain d'une victoire guerrière en Royaume de Ressine.
Si le brio de Jean-Philippe Jaworski, la complexité des ses intrigues et les nombreux rebondissements pourraient faire à eux seuls de Gagner la guerre un excellent roman, c'est à don Benvenuto que revient principalement (2) l'estime que je porte à l'ouvrage. A la truculence du bonhomme, bien sûr, (3) en cela je me range à l'avis unanime de la critique, mais pas uniquement. Seul narrateur de cette histoire, don Benvenuto nous offre l'autre facette de son expression : l'écriture. Et c'est à travers cette expression écrite, par cette transcription d'un regard très cynique et non moins lucide qu'il pose sur les êtres et les choses, que la complexité et les fortes contradictions du personnage se dévoilent peu à peu et finissent par s'imposer. A l'inverse de tant de personnages manichéens croisés dans la fantasy, l'assassin n'est pas loin de se révéler l'un des plus humains du roman. (4) C'est, à mon sens, ce qui parvient à insuffler à ces presque mille pages une telle profondeur. Celle de don Benvenuto.

(1) Assassin notoire rencontré dans la nouvelle « Mauvaise donne » du recueil Janua Vera qui préludait le présent roman.
(2) Mais aussi aux réflexions, interrogations et autres allusions savamment distillées qui élargissent les contours du roman et ceux de certains personnages, faisant du contenu de Gagner la guerre un objet plus vaste que son contenant... déjà imposant !
(3) Cette truculence qui, à défaut de le rendre sympathique aux yeux des lecteurs, le « sauve » malgré les épithètes dont tous l'affublent : raclure, salaud, enfoiré, fornicateur, paillard, ivrogne, tricheur, et j'en passe...
(4) Oui, je sais. Mais la gouaille seule du gaillard ne suffit pas à expliquer que les lecteurs... l'aiment bien.

lundi 9 juillet 2012

Killing Joke

Killing Joke : Killing Joke
(2003 - Zuma)

Initié par Jaz Coleman (1) à la toute fin des années 70, le groupe anglais Killing Joke évolue dans un style post-punk et se distingue par une musique violente  et assez répétitive créant une tension dont l'auditeur ne  parvient jamais à se libérer.
L'autre particularité étant l'engagement politique dont les exemples sont aisément trouvables. (2)
Si ses nombreux albums (3) sont de bonne tenue et ont influencé nombre d'autres groupes, (4) c'est  particulièrement deux d'entre eux, à mon avis, qui sortent du lot : Pandemonium (1994, pour sa noirceur et ses ambiances inquiétantes) et celui-ci qui ne ressemble à aucun autre et ne cesse de surprendre par la netteté et l'impact de ses titres, même si la seconde moitié de l'album est un cran en dessous et tend à rejoindre la redondance du reste de la production du groupe.
Je ne sais pas si la présence de Dave Grohl (5) y est pour quelque chose mais aucun autre  disque de Killing Joke ne dégage autant de puissance et d'énergie, aucun n'a soulevé autant mon enthousiasme.

Musiciens :
- Martin Glover : basse
- Dave Grohl : batterie
- Geordie Walker : guitare
- Jaz Coleman : chant, claviers
- Paul Raven : basse

(1) Quand il n'occupe pas son temps à composer des œuvres pour orchestres symphoniques, il est l'un des seuls membres permanents du groupe avec Geordie Walker.
(2) Allez, j'aide : textes.
(3) Le premier, Killing Joke, sort en 1980.
(4) Parmi lesquels : Nirvana, Metallica, Ministry et Fear Factory.
(5) Ancien batteur de Nirvana et initiateur de Foo Fighters.

jeudi 28 juin 2012

Eifelheim

Michael J. Flynn : Eifelheim
Eifelheim (2006)
éd. Le Livre de Poche, 2012
trad. Jean-Daniel Brèque, couv. Getty Images

1348, juste avant que la Peste noire ne ravage l'Europe. Un astronef s'écrase près d'Oberhochwald, dans la Forêt Noire. Le père Dietrich, curé du village, a étudié les sciences et la philosophie à Paris, avant de se réfugier dans cet endroit perdu.
Rien ne l'a préparé à devenir l'intermédiaire entre l'humanité et une espèce intelligente étrangère, des sauterelles humanoïdes, qu'il approche à travers sa culture médiévale.
Et le lecteur découvre peu à peu se qui nous rapproche et ce qui nous sépare de ces formes anciennes de pensée et de celles des étrangers. On pense à Umberto Eco.
Vidée de ses habitants par la peste, Oberhochwald n'a jamais été reconstruite mais a reçu le surnom de Teufelheim (ville du diable), devenu au fil des siècles Eifelheim.
Un grand roman, inattendu, original, en deuxième position pour le prix Hugo 2007.
Roman très dense, Eifelheim nous invite à la confrontation d'espèces parvenues à des stades de développement très différents et propose de narrer ce qu'aurait pu être cette rencontre pour peu que la raison l'ait emporté (d'une courte tête) sur l'effroi.
Avec un intérêt grandissant, nous suivons les interrogations du père Dietrich dont l'étude des sciences et de la philosophie, même à cette époque, lui donne la capacité d'accepter et de tenter de faire accepter ces étrangers à notre monde, à défaut de pleinement les comprendre.
Une seconde histoire, dispersée tout au long de celle-ci et se déroulant à notre époque, nous fait réaliser que les différences peuvent être très importantes du fait de l'éloignement dans le temps. Les notions et la philosophie médiévales éloignent tout autant de nous ceux qui  vivaient à cette époque que s'ils étaient étrangers à notre planète. (1)
Un mot sur la couverture de la première édition française tout de même, que l'on peut voir ici. Très décriée par le public et bien des professionnels, (2) on ne pourra pas retirer à Jackie Paternoster (3) l'exploit d'avoir réalisé l'une des plus belles représentations symboliques de la Peste noire, (4) l'un des aspects les plus marquants du roman. Et l'élément le plus terrifiant, le plus étranger et le plus incompréhensible survenu à Oberhochwald, ce qui nous fait une bien belle mise en abîme, ma foi...

(1) J'avoue que je force le trait, mais pas tant que ça, finalement...
(2) Si j'ai bien lu, certains libraires ont même été jusqu'à cacher cette couverture par crainte qu'elle ne repousse d'éventuels acheteurs. J'ai également pu lire qu'elle était probablement l'une des raisons expliquant que ce roman s'était si mal vendu.
(3) L'illustratrice de l'édition en question.
(4) Sans ironie de ma part et en supposant qu'il en existe d'autres.

lundi 18 juin 2012

Liquid Sound Company

Liquid Sound Company : Exploring The Psychedelic
(1996 - Rockadelic Records)

C'est à l'initiative de John Perez (1) que le groupe américain Liquid Sound Company a été réuni afin de pouvoir mêler différents styles dont le rock psychédélique et le space rock.
Un pari on ne peut plus réussi, tant cet album nous semble tout droit venu des années 70. (2)
Exploring The Psychedelic offre donc une ambiance et des compositions planantes faisant néanmoins la part belle aux guitares, évite élégamment de se laisser noyer sous les effets « cosmiques » chers au genre mais sait aussi aborder des ambiances plus enlevées ou plus lourdes.
Le groupe a produit par la suite deux autres disques qui, s'ils sont d'aussi bonne qualité, me semblent un peu moins inspirés. (3)


Musiciens :
- John Perez : chant, guitares, percussion
- Jason Spradlin : vibraphone, batterie, percussion
- Teri Pritchard : basse

(1) Qui participe d'habitude à la mouvance doom au sein d'autres groupes, principalement Solitude Aeternus.
(2) Et l'on pense souvent aux groupes de ces années-là, Gong en tête pour les titres les plus « sérieux » que ce groupe plein d'humour a produits.
(3) Principalement parce que moins variés.

dimanche 3 juin 2012

The Young Gods

The Young Gods : TV Sky
(1992 - Play It Again Sam)

Parmi les nombreux groupes qui louvoient entre les genres, le trio suisse The Young Gods n'est pas des moindres. (1)
A la fois rock et électronique, empruntant elle aussi à d'autres groupes, sa musique n'en est pas moins personnelle et immédiatement reconnaissable, certainement, pour une grande part, en raison de la voix typée du chanteur.
Sur TV Sky, le groupe propose les titres les plus dynamiques de sa carrière, la suite le faisant évoluer vers des styles moins nerveux, plus intimistes.
J'ai une affinité particulière avec le long et dernier morceau de cet album, Summer Eye, qui, environ à la moitié, amène brillamment les samples de la ligne de basse et des claviers du non moins brillant titre de Pink Floyd : Echoes. (2) Pas de sample facile ou gratuit néanmoins ni de plagiat éhonté selon moi, le travail créatif du groupe étant indéniable autour de cette base que j'entends comme un hommage.
Un grand disque.

Musiciens :
- Urs Hiestand : batterie
- Alain Monod : claviers, samples
- Franz Treichler : chant

(1) Et nombreux sont à ne pas s'y tromper, comme Mike Patton, Sonic Youth, The Chemical Brothers, KMFDM, Ministry, Nine Inch Nails ou encore David Bowie qui avouent bien volontiers l'influence de ce groupe sur leur propre travail.
(2) A l'attention des perfectionnistes qui voudraient vérifier de leurs propres oreilles : les parties concernées démarrent à 7:00 sur Echoes (album Meddle) et à 9:55 sur Summer Eye (la seconde partie du titre dans les exemples).

jeudi 31 mai 2012

Mimetic Data / Mimetic Be-At

Mimetic Data / Mimetic Be-At : Sensitive / Sound A
(2002 - Parametric)

Derrière le projet solo français Mimetic, (1) se cache, entre autres, (2) Jérôme Soudan, l'un des membres permanents du groupe Von Magnet (œuvrant lui aussi dans la sphère des musiques électroniques mais qui s'inspire beaucoup de musique ethnique).
Réunis en un double album, (3) ces deux disques offrent deux aspects : Sensitive s'attachant davantage aux ambiances et aux textures, Sound A se focalisant plus volontiers sur les rythmes et les ruptures (bien que tous les éléments se retrouvent dans les deux disques).
Comme pour tout ce que présente Jérôme Soudan, c'est parfait. (4)
Ne se satisfaisant pas de poser rythmes et ambiances, le musicien cherche toujours à surprendre et ne revient pour ainsi dire jamais sur des « recettes » ayant déjà fonctionné. Cela dit, son identité sonore ne laisse jamais planer le moindre doute et parvient même à le rattacher aux autres groupes dont il fait partie.
Incontournable.

Musicien :
- Jérôme Soudan : machines (2)

(1) Projet ayant la particularité de changer de nom à chaque album (Mimetic Mute, Mimetic Field, Mimetic Kino...).
(2) Voir ici et  pour plus de détails...
(3) Il s'agissait au départ de deux projets séparés.
(4) Pour être honnête, si j’apprécie bien sûr d'autres groupes de musique électronique, c'est toujours vers Mimetic que je reviens, n'ayant jamais trouvé autant de richesse et de surprises chez les autres.

lundi 28 mai 2012

First Aid Kit

First Aid Kit : The Lion's Roar
(2012 - Wichita)


Originaires de Suède, les très jeunes sœurs Söderberg (1) s'entourent de musiciens talentueux et de très nombreux instruments pour ce troisième album.
First Aid Kit propose ici une country-folk qui fait souvent penser à Neil Young et Patti Smith mais aussi, parfois, au Velvet Underground et à d'autres groupes des années 70.
J'ai lu quelque part que l'on pouvait se passer de l'écoute de The Lion's Roar si les disques précédents ne nous avaient pas touchés. Je pense que c'est une ânerie : si le travail sur les mélodies et les harmonies chantées par les sœurs est sensiblement le même, cette nouvelle richesse d'instruments et la très grande qualité des arrangements (2) en font un disque totalement différent, et selon moi nettement supérieur, qui pourrait bien surprendre très agréablement des personnes n'ayant pas été séduites auparavant.

Musiciens et invités :
- Mike Mogis : pedal steel guitar, mandoline, percussions, vibraphone, guitare, autoharpe, dulcimer (ingénieur, mixeur, producteur)
- Benkt Söderberg : basse
- Mattias Bergqvist : batterie, percussions
- Johanna Söderberg : claviers, autoharpe, chant
- Klara Söderberg : guitare, chant
- Ben Brodin : piano, mandoline, pedal steel guitar, percussions
- Nate Walcott : piano, orgue, trompette
- John Klinghammer : clarinette
- Paul Ledwon : violoncelle
- Bill Sprague : cor
- Amy Peterson-Stout : viole
- Frank Seligman : violon
- Tracy Dunn : violon
- Leslie Fagan : flûte
- James Felice : accordéon
- Greg Farley : violon
- Conor Oberst : chant

(1) Nées en 1990 et 1993, à peine majeures à la sortie de leurs deux premiers disques (Drunken Trees en 2008 et The Big Black & The Blue en 2010).
(2) Le savoir-faire de Mike Mogis, à mon sens, n'y est pas étranger...

lundi 23 avril 2012

Ministry

Ministry : Dark Side of the Spoon
(1999 - Warner Bros.)

Si les disques ayant précédé Dark Side of the Spoon étaient déjà intéressants, (1) c'est à mon sens avec ce septième album que le groupe américain trouve à exprimer le plus personnellement ce qu'il a en tête, poursuivant de désorienter son public (2) en changeant radicalement sa manière de faire.
Ici, en effet, la rage et la puissance qui caractérisent le groupe cèdent du terrain à des ambiances moites, torturées et très noires, pouvant même faire penser à la folie sur certains titres.
Tranchant sur une production de très bonne tenue (3) mais malheureusement trop uniforme, cette réelle différence fait de Dark Side of the Spoon le disque le plus intéressant (et probablement le plus difficile d'accès) du groupe mais ne prend réellement sa saveur qu'après une écoute attentive de l'ensemble.


Musiciens et invités :
- Al Jourgensen : chant (Supermanic Soul, Whip and Chain, Bad Blood, Eureka Pile, Step, Nursing Home et Kaif), guitares, électronique, banjo (Nursing Home), saxophone
- Paul Barker : basse, électronique, chant (Vex & Siolence)
- Rey Washam : batterie, électronique
- Louis Svitek : guitare, électronique
- Zlatko Hukic : guitare, électronique
- Ty Coon : chant (Whip and Chain et Bad Blood)
- Yvonne Gage : chant (Eureka Pile)

(1) Principalement à partir de Psalm 69 : The Way to Succeed and the Way to Suck Eggs (1992), période où le son du groupe se radicalise, laissant une place prépondérante aux guitares et aux rythmiques plombées qui le font basculer dans ce que l'on nomme le metal-industriel.
(2) Ce dernier attendait déjà un nouveau Psalm 69... lorsque Filth Pig (1996), le disque  précédent, est sorti.
(3) Allant donc de Psalm 69... à Animositisomina (2003), déjà moins bon mais nettement supérieur aux albums qui ont suivis (probablement en raison départ de Paul Barker, présent sur tous les autres).

samedi 14 avril 2012

Vuneny

Vuneny : V2
(2006 - Moonlee Records)

Créé en 2003 en Bosnie-Herzégovine, Vuneny, après un premier album de bonne tenue, (1) offre avec V2 une musique électronique penchant largement vers le rock (2) et, à mon sens, son meilleur album.
Mais ses inspirations et influences sont plus vastes : il n'est pas rare de reconnaître des sonorités et ambiances ethniques dans certains morceaux, le groupe sautant joyeusement des unes aux autres, sacrifiant parfois à l'unité de l'album sans toutefois que cela nuise à l'ensemble.
Parfois sombre, souvent entraînante, laissant une grande place aux guitares, la musique du trio, (3) sans être révolutionnaire, reste toujours intéressante et se détache nettement de beaucoup d'autres productions du même genre. 
Le disque peut s'écouter ici : V2.

Musiciens :
- Nedim Cisic : guitare, machines
- Andrijan Zovko : machines
- Asmir Sabic : guitare, percussion

(1) Play That Silence (2004), dont les titres sont plus orientés vers le dub que les suivants.
(2) La présence d'Asmir Sabic, musicien participant à diverses formations résolument rock, ne doit pas être étrangère au son particulier de cet album, le suivant (Whatever Singularity, 2009) étant vraiment différent.
(3) Asmir Sabic quitte le groupe en 2008.

lundi 9 avril 2012

Endless Boogie

Endless Boogie : Focus Level
(2008 - No Quarter)

Si le blues rock d'Endless Boogie semble sonner de manière plus authentique que celui de bien des groupes actuels, c'est peut-être en raison de l'âge de ses musiciens. En effet, ceux-ci jouaient déjà au début des années 70. (1)
À l'écoute de leurs albums, (2) on pense immédiatement à Canned Heat, au Velvet Underground, aux Stooges et aux Rolling Stones. (3) Néanmoins, les américains d'Endless Boogie ne se contentent pas d'un « à la manière de » et s'emparent du genre pour l'imprégner de leur personnalité avec des compositions souvent très longues (jusqu'à 25 minutes, plus généralement autour de 10 minutes), des rythmiques hypnotiques, des sons de guitares sales et un chant bien souvent incantatoire et relevant parfois du grognement caverneux.
Bref, c'est roots et des plus jouissifs et, faute de plaire aux anciens amoureux du genre, ça pourrait curieusement faire de la concurrence aux récentes formations de stoner.

Musiciens :
- Memories : basse
- Jesper Eklow : guitare
- Paul Major : guitare
- Chris Gray : batterie

(1) Paul Major a fait partie des groupes Moldy Dogs et The Sorcerers.
(2) Seulement quatre : deux de trois titres en 2005 (officiellement introuvables aujourd'hui), celui-ci et Full House Head en 2010, tous fortement recommandables.
(3) Bien que n'ayant lu nulle part ce dernier rapprochement, la ressemblance me paraît évidente, jusque dans la manière de chanter sur certains titres.

dimanche 8 avril 2012

Circle

Circle :  Taantumus
(2001 - Bad Vugum)

Circle fait partie de ces formations très difficiles à définir. Avec quelques 40 albums au compteur (1) et de perpétuels changements de musiciens (2) et de styles, (3) le groupe n'en finit jamais de brouiller les pistes et d'assumer une volonté d'indépendance et de refus à la moindre concession.
La seule unité que l'on peu noter tout au long de la carrière du groupe finnois est cette affinité particulière avec les boucles mélodiques hypnotiques. Mais loin de se contenter d'une musique simple et bêtement répétitive, Circle s'emploie à toujours dérouter, transformer, explorer, pervertir, bousculer, détourner et use sans compter de dissonances, arythmies, contretemps et autres contrastes aussi atypiques que surprenants.
A mon sens, Taantumus (4) est l'un des disques les plus accessibles du groupe mais se contenter de cette seule écoute équivaudrait à passer largement à côté de sa vaste étendue créative.
En écoutant, à droite et à gauche, tout ce que je pouvais trouver du groupe, j'en suis venu à me dire de manière répétée : « Circle est au rock ce que Magma est au jazz ». Cette réflexion n'engage bien évidemment que moi mais je n'ai pas d'autre exemple de groupes faisant preuve d'une telle volonté de transformer ce qui existait déjà ni d'une telle capacité à se réinventer soi-même.
Quelques exemples : Valtaisa Hahmo, Suopea, Morn, Taantumus.

Musiciens et invités :
- Teemu Elo : guitares
- Jyrki Laiho : guitare
- Jussi Lehtisalo : basse
- Teemu Niemelä : claviers
- Janne Peltomäki : batterie
- Pike Kontkanen : violon
- Mika Rättö : claviers
- Markku Peltola : harmonica
- Mika Rintala : traitement de signal
- Heidi Viljanen : chant
- Aki Peltonen : guitare
- Tapani Varis : flûte
- Tomi Leppänen : percussion

(1) Depuis Meronia en 1994.
(2) Jussi Lehtisalo, son fondateur, étant le seul à rester présent depuis l'origine.
(3) Rock, heavy metal, rock progressif, rock industriel, math rock, ambient, rock expérimental, rock psychédélique, punk, jazz rock, musique classique contemporaine... La liste n'est pas exhaustive... mais je suis loin d'avoir tout écouté.
(4) Parmi ceux que l'on pourrait ranger dans le tiroir « math rock »...

dimanche 1 avril 2012

Baïkonour

Baïkonour : For The Lonely Hearts of the Cosmos
(2005 - Melodic)


Derrière Baïkonour, (1) on trouve le français Jean-Emmanuel Krieger dont les compositions des deux albums (2) ne laissent pas planer beaucoup d'incertitude quant aux sonorités qui ont bercé sa jeunesse.
Curieusement étiquetée "électronique", la musique de Baïkonour est nourrie par une multitude d'influences, la plus évidente étant celle du rock allemand des années 70 et parfois du rock progressif. Si le tout est entrecoupé de boucles lancinantes et hypnotiques relevant davantage des musiques électronique et psychédélique, c'est principalement le rock des années 70 qui remonte, tant par les sonorités vintage des guitares que par la rythmique et les mélodies. (3)
Si Jean-Emmanuel Krieger ne révolutionne pas la musique de cette époque, il s'en empare et la manie avec un tel talent que ses disques méritent largement de trôner au-dessus de la pile.

Musiciens et invités :
- Jean-Emmanuel Krieger : guitares, basse, claviers, mandal
- Lee Adams : batterie
- Eiji Fuckin Morotomi : batterie (Hoku To Shin ken)
- Etien Rodes : guitare (Hoku To Shin ken et Interquaalude)

(1) Qui est aussi le nom d'une base spatiale soviétique.
(2) Si celui-ci me plaît davantage pour une simple question de choix des sonorités, le second, Your Ear Knows Future (2009), est tout aussi intéressant.
(3) Beaucoup d'entres elles renvoient de manière très précise à une multitude d'autres groupes.

samedi 17 mars 2012

Taste

Taste : Taste
(1969 - Polydor)

L'irlandais Rory Gallagher, quelques années avant de poursuivre une carrière solo, constituait le groupe Taste. Si ce n'est qu'on retrouve dans cette formation tous les ingrédients qui font la qualité de sa musique par la suite, tout sonne ici de manière plus brute, certainement en raison de l'absence de clavier.
Blues, blues-rock, ballades, les compositions de Rory Gallagher donnent toujours cette impression d'authentique sincérité qui le place parmi les meilleurs musiciens de son époque, le son de sa guitare reconnaissable entre tous. La particularité de cette période étant de voir le guitariste jouer du saxophone et offrir, à mon sens, une facette plus personnelle de sa musique qui, sans être de moindre qualité, en ôte l'unité présente dans les œuvres qui suivront. 
J'ai appris récemment que Taste s'était reformé en 2006 (1) et qu'un album, Wall To Wall, était sorti en 2009. (2)

Musiciens :
- Rory Gallagher : guitare, chant, saxophone, harmonica
- Richard McCracken : basse
John Wilson : batterie

(1) Sans Rory Gallagher, celui-ci étant mort en 1995.
(2) Album qui m'intrigue forcément...