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Auteurs alpha

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lundi 21 novembre 2016

Briqueville

Briqueville : Briqueville
(2014 - ?)
Premier du quintette belge, cet album de rock (1) pouvant n’apparaître que comme lourd, répétitif et hypnotique, se révèle d'une richesse bien plus étendue, prouvant davantage à chaque écoute qu'il est très minutieusement composé.
Si la noirceur de sa musique est constante et permanente, tout le reste n'est que perpétuel changement, tant dans les textures que dans les rythmes et les mélodies. Les deux aspects du groupe, metal et machines, loin de se faire contrepoint, se mêlent et se soutiennent ou se répondent. Certaines ambiances et certains samples empruntent ouvertement aux musiques du monde et au passé, ajoutant aux mélanges déjà présents.
Le second album, justement appelé II (2017), bien que démarrant d'emblée en atomisant l'auditeur, offre la même richesse et la même complexité musicale.
Une véritable surprise.
Les albums : Briqueville et II. (2)

Musiciens : (3)
- A : guitare
- B : guitare, voix
- C : basse, voix
- D : batterie
- E : samples, voix, percussions, claviers, bruitages...

(1) De doom metal Progressif, diront certains, ce qui est aussi sensé que réducteur.
(2) Je peux me tromper mais je recommande une écoute intégrale et dans l'ordre, le tout n'étant pas loin de former un... tout(4) Et j'ajoute (près de trois ans plus tard) que le II dont il est question a disparu de Bandcamp (et je trouve que ça se fait pas), il faudra faire autrement pour vous le procurer.
(3) Je n'en sais rien au bout du compte, le groupe ayant choisit l’anonymat et les vidéos vues sur YouTube n'aidant pas beaucoup...
(4) La puce mise à l'oreille par cette critique, il semblerait que les morceaux aillent par deux. Si « I » et « II » du premier album ne présentent pas de coupure, il en va de même pour « III » et « IV ».
Quant au second album, il ne présente que trois titres mais le dernier pèse ses 19,37 minutes et aurait aussi bien pu s'appeler Aktes « VII » & « VIII ».

dimanche 20 novembre 2016

Al Foul

Al Foul : Keep The Motor Running
(2012 - Al Foul)

Jouer du rock sans tomber dans la surenchère de la saturation ou autres effets sonores est une chose rare de nos jours (1) mais c'est pourtant ce que fait Al Foul, musicien originaire d'Arizona.
Ici, pas d'effets (ou très peu) donc, mais un guitariste des plus convaincants à la voix très expressive et intéressante.
S'il se fait accompagner par d'autres musiciens, (2) il est parfois présenté comme un one man band et, à mon sens, incarne à lui seul ce qu'il laisse entendre : la plus simple expression d'un rock (3) très énergique, authentique et sincère qui nous renvoie sans coup férir aux racines du genre.
Et qui gagne beaucoup à être vu en concert ! (4)
Un exemple : L'album. (5)

Musicien et invité :
Al Foul : voix, guitare, grosse caisse, « planche »
Naim Amor : guitare (6)

(1) Je ne dénigre pas la surenchère, je dis juste que l'inverse est assez rare pour être noté.
(2) Ce qui était le cas le soir où je l'ai découvert, par Laurent Allinger, apportant quelques effets sonores ne me paraissant pas indispensables si ce n'est pour le plaisir de voir et entendre un thérémine, instrument incongru et bienvenu dans ce style de musique.
(3) Rockabillycountry-rock...
(4) J'ai pu lire ici et là des avis inverses. J'en conclue que certains devraient davantage faire la part des choses ou écouter mieux...
(5) La lecture commençant au troisième morceau, ne ratez pas les deux premiers (Keep The Motor Running et I Wanna Know) qui sont juste extraordinaires !
(6) Sur Keep The Motor Running, Baby Clothes And Dishes For Sale et Memphis.

mardi 13 septembre 2016

L'Homme qui mit fin à l'Histoire

Ken Liu : L'Homme qui mit fin à l'Histoire
The Man Who Ended History : A Documentary (2011)
éd. du Bélial', Une Heure Lumière, 2016
trad. Pierre-Paul Durastanti, couv. Aurélien Police

Futur proche.
Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l'observateur d'interférer avec l'objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l'Histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d'État.
Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, dirigée par le général Shiro Ishii, l'Unité 731 se livra à l'expérimentation humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près d'un demi-million de personnes... L'Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous silence par les forces d'occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à l'Histoire.
Si La Ménagerie de papier, recueil de nouvelles du même auteur également paru aux Éditions du Bélial', m'avait déjà convaincu qu'il était indispensable de lire ce dernier, le présent texte accentue ce sentiment, si faire se peut. (1)
Construisant sa nouvelle autour d'un fait historique assez méconnu sous nos latitudes, l'existence de l'Unité 731 et les atrocités auxquelles elle s'est livrée, (2) Ken Liu ne délaisse pas pour autant ses sujets de prédilections : l'immense difficulté que l'être humain peut éprouver à comprendre ce qui l'entoure et, pis encore, sa presque incapacité à se faire comprendre de ses semblables. Ici, ces manques font réellement figure de handicaps insurmontables et laissent penser qu'il ne peut pas exister de solution satisfaisante. (3)
Du fait de ses origines, (4) il est facile de deviner que le sujet traité revêt une importance toute particulière pour Ken Liu. Pourtant, loin de placer son texte sous l'éclairage de l’apitoiement ou du règlement de compte, il parvient à conserver une certaine neutralité pour exposer ses idées en leur ôtant ces filtres paradoxalement « futiles » et justifiés, ne donnant que plus d'impact à celles-ci.
Parvenir à aborder un tel sujet avec autant de subtilité, de finesse et de retenue relève, à mon sens, du véritable tour de force, ce qui ne fait qu'augmenter le profond respect que j'éprouvais déjà pour ce type.
Pour finir, n'apportant généralement pas d'importance à la forme d'un texte, (5) j'ai néanmoins été interpellé par celle-ci. Ici, étant celle d'un documentaire, elle permet à l'auteur de présenter nombre d'avis différents sans pour autant avoir à décrire une trop importante quantité de personnages et donnant à l'ensemble un grand réalisme.
Il me semble que nous tenons là un véritable chef-d'œuvre qui fait de Ken Liu non plus un auteur à surveiller de près mais bel et bien à traquer.
Et pour répondre à la question de l'auteur dans son avant-propos à La Ménagerie de papier : oui, après lecture de ses textes, l’univers est effectivement « un peu plus doux, un peu plus chaud, un peu plus brillant, bref, un peu plus humain. »
Merci.

(1) Cerise sur le gâteau : il améliore de beaucoup, à mes yeux, la qualité globale de la toute jeune collection Une Heure Lumière de cet éditeur dont les premiers opus ne m'avaient pas pleinement satisfait (bien qu'ayant une nette préférence pour Le Choix, de Paul J. McAuley).
(2) Dont j'ignorais tout avant la lecture de ce texte, je vous laisse le « loisir » de vous documenter par vous-mêmes sur l'une des facettes les plus sombres de l'Histoire humaine.
(3) Quand bien même le mensonge et la mauvaise foi (ou tout simplement l'aveuglement) seraient exempts du dialogue, ce qui est rarement voire jamais le cas lorsque le sujet est trop horrible pour que quiconque puisse le comprendre ou l'assumer. C'est en cela que ce texte m'a véritablement éprouvé : inaptes à comprendre et assumer les erreurs passées, « nous » sommes condamnés à toujours les reproduire.
(4) Né en Chine et vivant aux États-Unis depuis l'âge de onze ans.
(5) Pensant que je n'ai tout d'abord pas les outils nécessaires à cette analyse et préférant par goût me concentrer sur les idées transmises.

jeudi 8 septembre 2016

Trunks

Trunks : On The Roof
(2011 - Are You Trunked / Il Monstro / Le Son du Maquis / Les Disques de Plomb)

Après un premier album, (1) ce quintette basé à Rennes récidive avec On The Roof et nous entraîne dans un univers bien personnel et sans concession.
Faisant preuve d'une maîtrise achevée et d'une créativité étonnante, le groupe emprunte à divers genres et nous offre neuf titres très différents, naviguant sans difficulté audible de la sauvagerie parfois teintée d'humour à des ambiances plus sérieuses, feutrées ou intimistes. Si le Post-Rock relie le tout d'une manière évidente, il est ici bien plus intéressant que dans la plupart des productions du même genre. En outre, les amateurs de Math-Rock, de Krautrock, (2) voire de Jazz-Rock échevelé pourraient bien y trouver leur compte également. Curieusement, bien que ce soit très différent, certains morceaux n'ont pas été sans me rappeler les ambiances d'un autre groupe à l'éclectisme  impressionnant, Circle.
Si la sortie d'un mini-album (3) confirme mon intérêt pour Trunks, j'attends la suite avec impatience.
Quelques exemples : Hardfiscurry, Screaming Idiots, Kniee, First Train Home.

Musiciens :
Laetitia Shériff : chant, basse
Daniel Paboeuf : saxophones
Florian Marzano : guitare
Stéphane Fromentin : guitare
Régis Boulard : batterie

(1) Use Less (2007), tout aussi travaillé mais à mon sens moins riche et surprenant que celui-ci.
(2) Pour employer un terme aussi répandu que détestable...
(3) Paru en 2012, que le groupe partage avec un autre, Filiamotsa, et que l'on peut écouter ici.

lundi 13 juin 2016

Les Affinités

Robert Charles Wilson : Les Affinités
The Affinities (2015)
éd. Denoël, Lunes d'Encre, 2016
trad. Gilles Goullet, couv. Aurélien Police

Adam Fisk s'est installé à Toronto pour suivre des études de graphisme que lui finance sa grand-mère. Là, il s'est inscrit à un programme payant pour déterminer à laquelle des vingt-deux Affinités il appartient. Adam est un Tau, une des cinq plus importantes de ces nouvelles familles sociales théorisées par le chercheur Meir Klein. Quand la grand-mère d'Adam, diminuée par une attaque, est placée dans une maison de retraite, le jeune homme n'a plus les moyens de suivre ses études. Mais être un Tau confère des avantages qu'il va vite découvrir : travail rémunérateur, opportunités sexuelles, vie sociale pleine et satisfaisante. Tout est trop beau, trop facile. Tout va très vite pour Adam... et il en est de même pour le reste du monde, car le modèle social des Affinités est en train de s'imposer. Malheureusement, dans l'histoire de l'Humanité, aucun changement radical ne s'est fait sans violence.
Né en Californie, mais naturalisé canadien, Robert Charles Wilson a connu un succès mondial avec Spin, en cours d'adaptation en série télévisée.
Roman à mes yeux davantage philosophique que spéculatif, (1) Les Affinités se penche sur le thème de la famille, quelle qu'elle soit.
Adam Fisk, plutôt en froid avec la sienne, finit par s'en trouver une autre, scientifiquement choisie, plus grande, plus accueillante, plus libre, plus efficace, plus...
Si le ton optimiste et relativement enjoué du roman m'a dérouté dans un premier temps, alors que l'on ne peut que courir à la catastrophe dès lors qu'on détermine des groupes qui se feront concurrence, (2) j'ai préféré y voir la critique d'un système voué à l'échec plutôt qu'une tentative de spéculation sur les rapports sociaux qui demandent à être révisés en raison des nouveaux modes de vie.
La fin du roman confirmant mon impression, (3) j'ai finalement apprécié Les Affinités tout en regrettant que l'auteur ne pousse pas davantage le curseur et, pour le coup, se mette à spéculer.
Si je ne pense pas que ce dernier ouvrage de Wilson marque son grand retour, il a tout de même l'immense mérite de faire s'interroger beaucoup de monde sur un sujet captivant et fait à mon sens partie de ses bons titres.

(1) Le très léger vernis de science plaqué sur le roman repose sur un livre existant (Incomplete Nature : How Mind Emerged from Matter, de Terrence W. Deacon - W. Norton & Company, 2011) auquel Wilson emprunte le terme de téléodynamique pour en faire l'idée centrale de son ouvrage, s'intéressant davantage, comme toujours, à l'aspect social qu'à l'aspect scientifique des choses.
(2) « Adam est un Tau, une des cinq plus importantes... » Il y a compète dès le départ !
(3) Cela n'engageant que moi.

mardi 1 mars 2016

Black Flower

Black Flower : Abyssinia Afterlife
(2014 - Zephyrus Music / De Werf Records)

Réuni autour du belge Nathan Daems, le quintet Black Flower offre une musique riche et variée qui, tout en étant actuelle et typée, s'inspire sans complexe de multiples sources. Si l'influence ouvertement assumée du jazz éthiopien semble évidente, (1) d'autres, nombreuses, se font entendre également, en particulier celle des musiques du monde, le tout enrichissant le propos d'une manière des plus enthousiasmantes.
Loin d'en être à leur coup d'essai, les cinq musiciens jouent ou ont joué avec beaucoup d'autres groupes et artistes renommés, dont Beck, Calexico et Louis Sclavis. (2)
Après ce premier album des plus réussis, construit autour du personnage légendaire et souverain d'Abyssinie Sir Prester John, (3) le groupe s'est penché sur un autre concept : celui d'« une radio qui diffuse de la musique à partir d'autres mondes, passés et futurs ». (4) Prévu pour ce mois de mars 2016, cet album intitulé Ghost Radio me fait dors et déjà frémir d'impatience et il me semble difficile de ne pas en parler sur un blog consacré à la musique et à la SF...
À suivre de très près !
Quelques exemples : Solar Eclipse, Upwards, Winter, Again I Lost It.

Musiciens et invités :

- Nathan Daems : saxophones, flûte, mélodica
- Jon Birdsong : cornet
- Simon Segers : batterie
- Filip Vandebril : basse
- Wouter Haest : claviers
- Robbe Kiekens : percussion
- Smokey Hormel : guitare

(1) Mulatu Astatke, Getatchew Mekurya et Fela Kuti sont cités.
(2) Pour ceux que je connais... on a l'inculture qu'on peut ! 
(3) Plus de renseignements sur la page Wikipédia consacrée au personnage.
(4) Sur le site du groupe, la présentation précise : « With this idea Black Flower hit the studio for an impressionistic, abstract and psychedelic session. You can call it an off-track album, a ghost record, a document... ». Je suis curiosité.

vendredi 8 janvier 2016

La Guerrière oubliée

Mary Gentle : La Guerrière oubliée
A Secret History (1999)
éd. Gallimard, Folio SF, 2008
trad. Patrick Marcel, couv. Alain Brion

1476. Gênes est à feu et à sang. Les Carthaginois et leurs golems maléfiques ont envahi le sud de l'Europe afin de détruire l'empire de Frédéric de Habsbourg. Une nuit éternelle les accompagne. Rien ni personne ne semble en mesure de les arrêter. Pourtant, une femme de dix-neuf ans, capitaine d'une troupe de mercenaires, va se dresser sur la route de l'envahisseur. L'histoire a oublié cette guerrière au visage couturé et aux cheveux trop blonds. Elle s'appelait Cendres, et la légende dit qu'elle était plus farouche que le lion et guidée par la voix d'un saint.
Œuvre monumentale, Fantasy uchronique sensuelle et brutale, Le Livre de Cendres, dont La Guerrière oubliée est le premier volume, a été récompensé par le British Science Fiction Award, le Sidewise Award et les prix Bob Morane et Julia Verlanger.
Avec cette première partie d'un roman aussi impressionnant qu'imposant, (1) Mary Gentle nous entraîne sur les pas de Cendres, personnage intriguant qui, par sa force de caractère, son sens du stratège et son art du discours, force le respect non seulement de la troupe de mercenaires qu'elle dirige mais aussi de toute personne amenée à croiser son chemin.
Violente par nécessité et pragmatique, Cendres se bat et tente de survivre au sein d'un univers presque exclusivement contrôlé par des hommes, occupant un rôle que la plupart est incapable de tolérer du seul fait qu'elle est une femme.
Au-delà du parcours haletant et terriblement éprouvant de son héroïne, d'une épopée aussi captivante que furieuse et sanglante et de points de vue essentiellement féminins (2) l'auteur pose de réelles interrogations sur la « réalité » d'une Histoire dont notre époque n'a que des traces plus ou moins précises, ces dernières ayant tout aussi bien pu être altérées, ne serait-ce que par de « mauvaises » interprétations volontaires ou non.
En cela, les échanges épistolaires entre un traducteur et son éditrice (3) sont particulièrement éclairants et, miracle de ce qu'on appelle communément Littératures de l'Imaginaire, Mary Gentle s'offre le loisir de se demander si de nouvelles découvertes historiques importantes pourraient aller jusqu'à modifier notre présent, au-delà de la vision que nous en avons. (4)

(1) Le Livre de Cendres comprend quatre tomes.
(2) Le plus féminin d'entre eux pouvant curieusement être attribué, à mon sens, à Fernando, un homme, dont le regard me semble être le plus sensé de tous. Mais je peux me tromper...
(3) Puisque Le Livre de Cendres est un manuscrit découvert « de nos jours » dont nous suivons la traduction tout au long du roman.
(4) Ayant fait des études d'Histoire, l'auteur se délecte visiblement à cet exercice, même un cancre en la matière (je) est capable de s'en rendre compte.