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Auteurs alpha

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vendredi 22 décembre 2017

Mierlița

Mierlița : Stranger in Chișinău 
(2015 - autoproduction)
Quatuor à cordes (2) américain, Mierlița s'intéresse d'une manière bien particulière à une musique bien précise, la tradition roumaine dans le style Lăutari et, tout en respectant celui-ci, y pose un regard des plus actuels, ne serait-ce que par les moyens d'enregistrement.
Deux brillants violonistes, accompagnés d'un guitariste et d'une contrebassiste qui le sont tout autant, revisitent énergiquement la musique des tarafs, la dépoussièrent, l'ébrouent, la mêlent à un jazz endiablé et fort réjouissant qui peut éventuellement faire penser au duo célèbre que formaient D. Reinhardt et S. Grappelli.
Quatre virtuoses qui reprennent et arrangent neuf airs traditionnels, leur donnant une tonalité plus familière à nos oreilles modernes. Si, de prime abord, la rugosité de cette musique ancienne peut sembler manquer, ce n'est pas exactement le cas. (2) Les connaisseurs finiront par superposer les styles qu'ils connaissent, les plus maniaques iront retrouver des versions plus anciennes à fin de comparaison.
Un disque des plus entraînants, réjouissants et exigeants.


Musiciens :
- Abigale Reisman : violon
- Jonathan Cannon : violon
- Kirsten Lamb : contrebasse
- Sasha Kern : guitare

(1) J'allais écrire « quartet à cordes » avant de me demander si cela s'employait...
(2) Cette rugosité qui faisait dire à Bobby Lapointe, avec tout l'humour qui le caractérise : « De deux choses l'une : soit tu joues juste, soit tu joues tzigane. Moi, j'ai pas trop le choix, je joue tzigane. » (3)
(3) Mierlița ne dit d'ailleurs pas autre chose lorsqu'il avertit aimablement le potentiel musicien : « Macci's Life and Kidnap the Bride include the sound of a violin tuned in octaves A-a-E-e. Do not try this at home without switching the A and the D strings first ! »

jeudi 21 décembre 2017

Laboratorium Pieśni

Laboratorium Pieśni : Rosna 
(2016 - autoproduction)
Groupe vocal polonais composé de huit femmes,  (1) Laboratorium Pieśni nous propose une visite des chants polyphoniques traditionnels des pays des Balkans.
On y retrouve bien sûr les chants bulgares mais la visite comprend de nombreux autres pays (2) et pousse l'auditeur à tenter de retrouver à l'oreille l'origine de chacun.
Solidement portés par des voix puissantes, elles-mêmes parfois accompagnées par divers autres instruments, (3) ces chants souvent entraînants finissent par nous emplir totalement.
Je ne saurais dire quelles parts d'ancien et de moderne se partagent ce disque mais, à mon sens, le mariage des deux passe avec une aisance étonnante. 
Le second album du groupe, bien différent, (4) propose également des chants polonais, funéraires cette fois, bien moins entraînants mais tout aussi magnifiques. L'exercice n'étant pas le même puisque les vocalistes sont ici au nombre de quatre.
Si, d'une manière facilement compréhensible, l'écoute du premier se fait plus fréquente, il me semble que l'alternance peut permettre d'accentuer le relief de chacun d'entre eux.
Deux superbes disques qui poussent à se demander quel agréable résultat sortira donc de cet intéressant laboratoire (5) en 2018. (6)

L'album : Rosna.

Musiciennes :
- Iwona Majszyk, Kamila Bigus, Karolina Stawiszynska, Klaudia Lewandowska, Lila Schally-Kacprzak, Magda Jurczyszyn : voix, instruments

(1) C'est ce qu'indiquent les photos du livret mais je ne parviens pas à trouver le nom de deux d'entre-elles...
(2) La Bulgarie et la Bosnie, donc, mais aussi l'Ukraine, la Pologne, la Serbie, la Roumanie, la Géorgie, la Biélorussie, la Scandinavie et probablement d'autres.
(3) Flûte, percussions...
(4) Il s'agit de l'album Puste Noce (2017), que mon robot traduit par « Nuits Vides », alors que, selon la même source, Rosna signifie « Grandir ».
(5) Serviable, le robot me propose « Laboratoire de Chant » pour Laboratorium Pieśni.
(6) Il n'est encore pas interdit de rêver !

Tamikrest

Tamikrest : Toumastin
(2011 - Glitterhouse Records)
S'inscrivant immédiatement au sein de ce qu'on appelle aujourd'hui desert blues, les musiques du désert, ce groupe malien poursuit sur des pistes déjà empruntées par des groupes plus anciens. On pense tout de suite, évidemment, à Tinariwen, autre groupe malien, que d'aucuns appellent leurs grands frères.
Avec Toumastin, second album du groupe qui en compte cinq à ce jour (dont un enregistrement public), Tamikrest pousse encore plus loin la fusion entre la tradition touareg et le rock. Ici, j'ai l'impression que l'écriture est en jeu plus que le son. (1) Du rock à la pop, du reggae aux ballades psychédéliques, du blues aux boucles lancinantes et hypnotiques... Tamikrest n'en finit plus de papillonner avec un bonheur certain. Sans oublier un sens tout aussi certain pour la mélodie et une surprenante aisance à s'envoler ou placer dans chacun des titres un refrain ou un thème qui font mouche à chaque fois.
En résulte une musique des plus variées, d'une enthousiasmante richesse, s'abreuvant respectueusement du passé mais résolument tournée vers l'avenir. 
Si ce disque est mon favori parmi les cinq autres, tous sont intéressants, le groupe n'offrant pas forcément de la même manière la musique qu'il joue. Mais je ne parviens pas à trouver une raison objective dans cette préférence.

L'album : Toumastin. (2)

Musiciens :
- Ousmane Ag Mossa : guitare, voix
- Cheick Ag Tiglia : guitare, basse, voix
- Aghaly Ag Mohamedine : djembé, percussions, voix
- Bassa Wallet Abdamou : voix
- Fatma Wallet Cheick : voix
- Ibrahim Ag Ahmed Salam : batterie, calebasse
- Blaž Celarec : percussions
- Mossa Ag Borreiba : guitare, voix
- Mahmoud Ag Ahmouden : guitare, voix

(1) Ce son n'en est pas moins des plus travaillés, le rock de Tamikrest usant de distorsion et autres effets divers, accentuant encore la fusion entre le passé et le présent.
(2) Les autres sont ici.

mardi 21 novembre 2017

Au-delà du gouffre

Peter Watts : Au-delà du gouffre
éd. Le Bélial' et 42 (Ellen Herzfeld et Dominique Martel), 2016
trad. Pierre-Paul Durastanti, Gilles Goullet, Erwann Perchoc et Roland C. Wagner, couv. Manchu

« Nous sommes les hommes des cavernes. Nous sommes les Anciens, les Progéniteurs, les singes qui érigent vos charpentes d'acier. Nous tissons vos toiles, construisons vos portails magiques, enfilons le chas de l'aiguille à soixante mille kilomètres/seconde. Pas question d'arrêter, ni même d'oser ralentir, de peur que la lumière de votre venue ne nous réduise en plasma. Tout cela pour que vous puissiez sauter d'une étoile à la suivante sans vous salir les pieds dans ces interstices de néant infinis... »
Peter Watts est né en 1958 à Calgary, dans la province de l'Alberta. Titulaire d'un doctorat en biologie et ressources écologiques, spécialiste des fonds marins et de la faune pélagique, il produit aujourd'hui la plus exaltante des sciences-fictions contemporaines, quelque part entre les nébuleuses Greg Egan et Ted Chiang, non loin de la galaxie Ken Liu, là où soufflent les vents cosmiques, dans le cœur vibrant des étoiles, en plein sense of wonder, en pleine sidération... Sans équivalent réel en langue anglaise, architecturé avec le plus grand soin, le présent recueil achève d'installer Peter Watts au firmament des créateurs de vertige et des prospecteurs d'idées fabuleuses – une supernova.
Avec ce cinquième recueil de nouvelles, (1) les 42 poursuivent leur travail de collecte de choses intéressantes et offrent au lectorat francophone une pépite de plus. Et, une fois encore, poussent la gâterie jusqu'à réfléchir à la réception que pourront avoir ces textes, jusqu'à décider du sens de lecture de ceux-ci afin que l'on puisse avoir un très bon aperçu de l'auteur sur lequel on se penche à chaque fois.
Et, lorsque l'on se penche sur les histoires de Peter Watts, il n'est pas rare d'être pris de vertige. S'il fait du point de vue des êtres humains celui de ses écrits, (2) c'est bel et bien de ce qui nous entoure qu'il est question. Plus exactement, du choc que cet environnement nous inflige.
Un choc terrible, un milieu totalement terrifiant, mortel et bien souvent incompréhensible. (3)
À mon sens, là où certains parviennent autrement à masquer leur peur, Watts, en scientifique qu'il est, la regarde et décrit cet environnement qui la provoque, le met en scène et use pour cela de ses solides bagages en biologie et neuroscience.
Que les textes de Watts soient considérés comme très sombres (4) ne me semble après-coup pas si surprenant. Ils sont très sombres. Ils sont même terrifiants. Totalement. Mais, pour ainsi dire... ce n'est absolument pas de sa faute et j'ai l'impression que certains lecteurs se trompent de cible. (5) Pour autant qu'il y en ait une...
Bien égoïstement, je souhaite que les amis Ellen et Dominique ne cessent jamais de creuser.
Merci.

(1) Ont précédé : Axiomatique, Radieux et Océanique (de Greg Egan) ainsi que La Ménagerie de papier (de Ken Liu), tous admirables.
(2) Même s'il s'amuse dans « Les Choses », premier texte de ce recueil, à jouer avec un autre cobaye, bien différent des humains mais tout aussi bouleversé par ce qui l'entoure.
(3) Même si certains travaillent corps et âme à tenter de repousser les limites de notre incompréhension.
(4) Ce que regrettent certains critiques et Peter Watts lui-même, allant jusqu'à donner des éléments d'explication dans les postfaces de cet ouvrage.
(5) Mais je peux me tromper...

samedi 28 octobre 2017

L'Appétit des géants

Olivier Ertzscheid : L'Appétit des géants
Pouvoirs des algorithmes, ambitions des plateformes
(2017)
éd. C&F éditions

Il fallait un amoureux du web et des médias sociaux pour décrypter les enjeux culturels, relationnels et démocratiques de nos usages numériques. Olivier Ertzscheid met en lumière les effets d'échelle, l'émergence de géants aux appétits insatiables. En concentrant toutes nos activités numériques sur quelques plateformes, nous avons fait naître des acteurs mondiaux qui s'épanouissent sans contrôle. Nos échanges, nos relations, notre sociabilité vont nourrir des algorithmes pour classer, organiser et finalement décider pour nous de ce qu'il faut voir.
Quelle loyauté attendre des algorithmes qui se nourrissent de nos traces pour mieux alimenter l'influence publicitaire ou politique ? Comment construire des médias sociaux et un accès indépendant à l'information qui ne seraient pas soumis aux ambitions des grands acteurs économiques du web ?
Pourquoi n'y a-t-il pas de bouton « sauver le monde » ?
S'il ne relève pas de la science-fiction et n'est pas un roman, ce livre n'en est pas moins captivant et haletant.
Ici, l'auteur (1) compile un peu moins d'une soixantaine des billets qu'il publie régulièrement sur son blog, (2) qu'il tient depuis 2005.
Choisis et agencés de manière à suivre la thématique principale du sous-titre de l'ouvrage, les billets abordent de très nombreux sujets, analysent et décortiquent méthodiquement les usages du web ainsi que les attentes et enjeux (3) qui y sont tapis.
Loin d'être aride malgré son sujet, ce coup de microscope sur les pratiques virtuelles est des plus éclairants et donne énormément de matière à réflexion. Et, qui sait ? il pourrait inciter certains lecteurs à se poser des questions lors des trois secondes qui précèdent leurs clics.
Bien que l'univers décrit par Olivier Ertzscheid soit largement propice à un état d'esprit dominé par l'agacement et surtout l'inquiétude, (4) l'enthousiasme de l'auteur pour ce fabuleux outil qu'est internet est évident. En contrepoint de l'ambiance générale de ce recueil, son humour et ses choix d'exemples parfois hilarants sont les bienvenus.
Quant à la dimension science-fictive, elle n'est pas aussi absente de L'Appétit des géants que je pouvais le laisser penser quelques lignes plus haut. Pour preuve, ce bout d'avant-propos de l'auteur, que je ne résiste pas à vous donner : « Mais je crois, comme l'écrivait Frederik Pohl, grand auteur de science-fiction, "qu'une bonne histoire de science-fiction ne prédit pas l'automobile mais l'embouteillage". C'est l'histoire de ces embouteillages possibles que je veux ici tenter de raconter [...]. À l'aide d'un peu de science. Mais sans aucune fiction ».
À lire et relire.

(1) Maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'IUT de La Roche-sur-Yon.
(2) affordance.info
(3) Plus ou moins « ouvertement », les nôtres aussi bien que ceux des personnes qui créent les algorithmes au sein desquels nous nous ébattons joyeusement et quotidiennement.
(4) Des références à des ouvrages de SF apparaissent ici et là, souvent des dystopies, Orwell est bien entendu cité.

samedi 9 septembre 2017

minimál Bogart

minimál Bogart : Live at A38
(2014 - autoproduction ?)
Après un premier album (1) qui m'a semblé très hétéroclite mais déjà marqué par l'esprit curieux et inventif de ce groupe hongrois, sort, la même année, ce petit bijou de concert, à mon sens le meilleur de ce qu'il a produit à ce jour. (2)
Outre l'accentuation de la couleur sonore déjà présente dans le premier disque, résolument blues-rock cette fois, le groupe trouve ici une unité qui manquait. N'effectuant qu'exclusivement de l'improvisation (et de la meilleure, celle qui parvient la plupart du temps à faire oublier qu'elle en est), le groupe nous gratifie de quatre titres (3) tous aussi impressionnants que parfaits. (5)
Si le quatuor se classe lui-même dans le blues-rock, (6) c'est en faisant peu de concessions et en laissant exprimer pleinement sa personnalité et ses envies. En résulte une musique à la fois familière et, de manière d'autant plus surprenante, atypique. Associant un riche sens de la mélodie ainsi qu'une volonté affichée de sortir des sentiers battus, le groupe n'hésite jamais à nous entraîner dans de longues séquences n'appartenant qu'à lui, l'alchimie entre les musiciens semblant fonctionner à merveille.
De manière certaine, l'un des disques qui ont véritablement compté cette année.

Les albums : Cosmic Caveman Blues, Live at A38, Fire On Soyuz, Live at Tanya. (7)

Musiciens :
Győző Prekop : harmonica
- Csaba Szőke : guitare
Máté Pintér : basse
Jenei István : batterie

(1) En 2014, répondant au doux et remarquable nom de Cosmic Caveman Blues.
(2) Suivront un second album, Fire On Soyuz et un autre live, Live at Tanya respectivement de 2015 et 2017 (le premier titre de ce dernier, « 1964 », vaut plus que le détour).
(3) Trois et demi, pour être exact, la première moitié du premier morceau manquant au tableau. Un fade-in... bestial nous permettant néanmoins de nous ébahir à l'écoute du solo à peine entamé de Győző Prekop. (4) L'ingé-son a été épargné, j'espère...
(4) Jusqu'ici, je pensais que Richard Salwitz était le plus fou des harmonicistes qu'il m'ait été donné d'entendre.
(5) Oui, j'ai pesé mes mots.
(6) Entre autres, le difficilement évitable stoner figurant aussi parmi ceux-là et étant, à mon sens, absent des disques de minimál Bogart.
(7) Jetez un coup d'œil au tarif de la discographie complète avant d'en choisir un si c'est le cas...

samedi 2 septembre 2017

Mother London

Michael Moorcock : Mother London
Mother London (1988)
éd. Denoël, Lunes d'encre, 2002
trad. Jean-Pierre Pugi, couv. Guillaume Sorel
Josef Kiss a le pouvoir. Il peut entendre vos pensées les plus intimes, désamorcer les bombes qui n'ont pas explosé, retrouver les survivants sous les décombres du Blitz. C'est un héros de la bataille d’Angleterre, mais aussi un artiste de music-hall déchiré par ses démons, crucifié à la ville de Londres tel un papillon par son épingle.
Tout comme Josef, Mary Gasalee est télépathe. Après un long coma dû au Blitz, quinze années passées au Pays des Rêves, elle rencontre Josef, mais aussi David Mummery, le jeune écrivain fasciné par le peuple étrange qui habite les égouts londoniens... Tous trois, et d'autres, se heurteront à la bonne société britannique qui, incapable de reconnaître leurs pouvoirs, ne cessera de les considérer comme fous.
Avec Mother London, souvent cité comme son chef-d'œuvre, Michael Moorcock nous propose les histoires d'amour et de mort d'un groupe de télépathes londoniens, une fresque courant sur cinquante ans.
Si Michael Moorcock est bien plus connu pour ses séries de Fantasy, (1) un grand nombre de lecteurs plébiscitent d'autres œuvres de l'auteur, (2) ces dernières n'ayant que peu de points de comparaison avec l'autre partie de sa production.
Loin d'être une lecture aisée en raison de sa construction très éclatée (3) et de sa totale absence d'intrigue principale, (4) Mother London nous propose une visite de Londres sur plusieurs années, se posant de manière apparemment aléatoire sur ses habitants, prêtant un regard connaisseur et plutôt bienveillant (5) sur ces vies qui se sont croisées, frôlées, mélangées, entrechoquées. Un tableau complexe qui se dévoile par petites touches désordonnées qui finissent par prendre sens.
J'ai pu lire ici et là que d'autres lecteurs ont admiré le style de l'auteur et qu'ils considéraient que Londres, la ville, était la véritable héroïne de l'œuvre. Si je ne me sens pas capable d'analyser le style d'un roman aussi complexe que celui-ci, je pense que Londres n'est pas au centre du propos. À mon sens, le roman aurait été le même quelle que soit la nationalité de l'auteur ; Moorcock aurait dit la même chose des « gens », s'attardant sur une portion précise de ceux-ci. (6) Les véritables héros, cette multitude de différences, ce sont eux, les « gens », la progéniture de la ville (ici, Londres), (7) celle qui la fait vivre, son sang.
Moorcock nous plonge dans ce tourbillon fourmillant sans avertissement préalable, usant du prétexte de la télépathie pour ajouter l'effet de nombre à celui de profondeur.
Une lecture qui récompense très largement les efforts qu'elle demande. Peut-être bien un chef-d'œuvre. Un cri d'amour de l'auteur à l'adresse de ses semblables, quoi qu'il en soit. (8)

(1) Bien évidemment celle d'Elric, mais aussi celles d'Hawkmoon, d'Erekosë et de Corum.
(2) Dont celle-ci, mais également Le Chien de guerre et Gloriana, toutes incontournables à mon sens.
(3) Un kaléidoscope d'images et une multitude de personnages dont l'auteur nous dévoile tout une tranche de vie, apparemment sans soucis d'ordre chronologique. Il m'a semblé qu'il « justifiait » cette construction par l'intermédiaire de l'un de ses personnages en lui faisant dire : « Les théories du Temps sont généralement simplistes, comme celle de Dunne. Elles voudraient lui donner une forme linéaire ou circulaire, mais je le crois semblable à une gemme facettée avec une infinité de plans et de strates qu'il serait impossible de cartographier ou d'endiguer ; [...] ». Mais je peux me tromper...
(4) Des intrigues, nous en trouvons pourtant bel et bien par centaines dans ces pages, parfois simplement esquissées par une portion de phrase, parfois plus longuement détaillées, toutes ne formant qu'un... tout.
(5) Mais un brun nostalgique et perplexe devant les changements.
(6) Ceux que l'autre désigne dangereusement par « ceux qui n'ont pas réussi ». Oué, j'ai du mal avec celle-là, pardon...
(7) Pardon...
(8) Mais je peux me tromper...

vendredi 18 août 2017

Sheikh Ahmad Al-Tûni

Sheikh Ahmad Al-Tûni : Le Sultan de tous les munshidîn
(2000 - Long Distance)
L'Égyptien Ahmad Al-Tûni était un homme religieux (1) qui a choisi le biais de la musique afin de transmettre la foi qui était la sienne.
C'est à travers cet art et grâce à son répertoire de poésie ancienne et d'expression populaire de Haute-Égypte qu'il s'est mondialement fait connaître, parvenant à captiver systématiquement son public, que ce dernier soit croyant comme lui ou non.
D'une très grande et indéniable maîtrise, sa voix rauque (2) et puissante, habitée, ainsi que son chant toujours improvisé, sont soutenus par des musiciens lui étant artistiquement entièrement dévoués et lui permettant de forger son propre style. (3)
Que l'on soit versé dans le soufisme ou non, la transe est là, n'ayant d'égale que l'enthousiasme provoqué par l'écoute de ce disque, (4) pièce unique à ma connaissance.
Une merveille. (5)

Quelques exemples : Allah MahabbaAl Qalima Al Qadima. (6)

Musiciens :
Sheikh Ahmad AL-Tûni : chant
Atta Mohammed Ali : kamanga
Rachidi Rhamis Rachidi : reqq
Salah Sharawu Abdel Sayyed : chant
Nasser Abdel Hamid Ahmad : tabla
Abdel Rahuf Ibrahim Ahmad : naqrazan
Sayyed Abdel Zaher : oud
Mustapha Abdel Adi : qawwal

(1) Il nous a malheureusement quittés début 2014.
(2) Par moment, curieusement, son timbre me rappelle certains de ceux que l'on peut entendre en Mongolie.
(3) Oui, j'ai largement emprunté ici et pardon.
(4) Enregistré en 1999, à l'occasion de sa venue en France pour une prestation au Théâtre de la Ville.
(5) Et ne croyez pas qu'il faille être soi-même religieux pour apprécier cette musique, cela n'a rien à voir. D'autant moins si, comme moi, vous ne comprenez pas un mot de ce que chante ce virtuose.
(6) Une moitié de disque, donc. Je recommande chaudement l'écoute intégrale.

lundi 14 août 2017

Jedbalak

Jedbalak : Safar
(2017 - autoproduction)
Quatuor italien se produisant parfois en trio sur scène, Jedbalak est de ces groupes qui empruntent au passé et posent leur patte sur la tradition, s'en imprégnant et la faisant revivre aujourd'hui avec un style qui nous la rend audible malgré nos habitudes formatées par les sonorités actuelles.
De jazz-rock en transe gnawa, de longues plages de rock progressif en boucles plus traditionnelles, la formation nous entraîne avec un rare talent dans des contrées lointaines et nous les offre en mêlant le passé et l'actuel.
Si les morceaux sont relativement courts, (1) il n'est pas rare que le pont soit fait avec le suivant. Le quatuor pourrait se permettre avec bonheur d'étirer chacun d'eux.
Le pont étant d'ailleurs tout symbolique dans la démarche de ce brillant groupe. (2)
Pour dire : je n'arrive pas à m'en sortir...

L'album : Safar.

Musiciens :
Abdullah Ajerrar : Guembri, chant, qraqeb
Gianluca Sia : mandoline, saxophone soprano, claviers
Mimmo Mellace : batterie, tar (qu'il ne faut surtout pas confondre avec le târ), bendir
- Nico Canzoniero : basse, synthétiseurs, saz, kalimba, programmation

(1) N'excédant pas six minutes trente et faisant le plus souvent trois à cinq minutes.
(2) Le mieux étant de lire ce qu'ils en disent eux-mêmes sur la page Bandcamp de l'album (l'origine des morceaux y figure également), les renseignements sont pour ainsi dire inexistants sur la toile.

mercredi 2 août 2017

Le Dernier chasseur de sorcières

James Morrow : Le Dernier chasseur de sorcières
The Last Witchfinder (2003)
éd. Au diable vauvert, 2003
trad. Philippe Rouard, couv. rampazzo.com

En 1688, Jennet, fille d'un célèbre chasseur de sorcières, a douze ans. Sa tante Isobel, grande admiratrice de Newton, se voit accusée de sorcellerie parce qu'elle a réussi à expliquer des phénomènes naturels tenus jusque-là pour divins. Jennet part à Cambridge dans l'espoir de convaincre Newton de venir témoigner à son procès. Mais Isobel est condamnée au bûcher et Jennet jure de consacrer sa vie à l'abolition de la loi contre la sorcellerie...
À la fois biographie fictive, récit épique et « exercice d'apologétique newtonienne », ce roman, raconté à la première personne par le propre livre d'Isaac Newton, Les Principes mathématiques de philosophie naturelle, nous emmène aux origines de la rationalité occidentale, à une époque où cohabitent dévots obscurantistes brûleurs de sorcières et premiers scientifiques... Un cocktail détonant d'érudition et de fantaisie, une irrésistible relecture de notre histoire philosophique.
Si James Morrow s'amuse à prêter une âme aux livres et donne ici un rôle de narrateur à l'œuvre maîtresse d'Isaac Newton, (1) ce sont bien là les uniques éléments Fantastiques de ce roman avant tout philosophique. Cependant, à lui seul, cet artifice littéraire donne une indication précise sur les intentions de l'auteur, éclaire à la fois son propos et le regard qu'il pose sur le monde en général.
Bien plus qu'une simple charge féroce contre l'obscurantisme (2) dont ont souffert un nombre effarant d'humains qui ne demandaient rien de plus que de vivre en bonne intelligence avec leurs semblables, Le Dernier chasseur de sorcières est ici l'occasion pour l'auteur d'aligner toutes sortes de considérations au sujet de l'absurdité de notre monde. Pourtant, s'il le fait, ce n'est jamais en laissant percer une colère qui serait toute légitime mais en usant d'un humour décapant et d'une ironie mordante tout en ayant un regard plein de bon sens et d'humanité bienveillante. (3)
À la lecture de ce roman, il m'a semblé que Jennet devait tout aux deux livres que lui lègue sa tante Isobel avant d'être brûlée pour sorcellerie. Celui écrit par Newton mais également celui dont elle est l'auteur : Plaisirs et douleurs dans le jardin de la femme. (4) À mon sens, ce sont ces deux livres qui permettent à Jennet de traverser le monde et ses embûches, lui procurent l'équilibre indispensable pour atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé.
James Morrow semble avoir une immense considération pour les livres et ce qu'ils transmettent. Sans perdre de vue que, sans l'esprit de leurs lecteurs, certains peuvent tout aussi bien nourrir l'obscurantisme qu'éclairer intelligemment le monde.
Un immense auteur.

(1) Quelques précisions ici, pour ceux que ça intéresse.
(2) Qu'il soit issu de convictions délirantes ou, pire, simple prétexte à d'aussi abjects qu'égoïstes buts.
(3) Précision voulue de ma part, l'humanité, pour diverses raisons, ne l'étant pas si souvent.
(4) Un manuel d'éducation sexuelle que chaque parent avisé devrait laisser traîner partout chez lui. Si James Morrow ne s'étend pas plus que ça sur le contenu de cet ouvrage fictif, ce dernier est sans le moindre doute indispensable, voire vital.

dimanche 16 juillet 2017

L'Enfance rouge

L'Enfance rouge : Bar - Bari
(2011 - Les Disques de plombs)
Découverts tout récemment et avec un grand bonheur, les franco-italiens (1) de L'Enfance rouge font partie de ces groupes qui nous font regretter d'avoir ignoré leur existence si longtemps.
Si le trio nous offre une musique résolument rock, d'un premier abord difficile, c'est vers celui qui est écorché, tourmenté, viscéralement révolté, à vif, porteur de douleur, de questions et d'urgence qu'elle penche. (3)
Et si la voix de Bertrand Cantat est présente sur l'un des titres de cet album (4) ou que d'autres peuvent rappeler la force hypnotique du groupe The Young Gods, c'est presque toujours vers Sonic Youth que nous ramène le groupe.
Néanmoins, de nombreuses vidéos sur YouTube montrent L'Enfance rouge accueillir des musiciens usant d'instruments traditionnels dans un mélange bienvenu d'influences radicalement différentes. (5)
L'album : Bar - Bari.

Musiciens :
François R. Cambuzat : guitare, voix
Chiara Locardi : basse, voix
Jacopo Andreini : batterie

(1) Localisés à Tunis selon la page Bandcamp qui présente leur dernier disque. (2)
(2) À cette heure, celui-ci n'a pas encore été publié et, si Bandcamp nous laisse écouter deux, voire trois fois l'album, le prix indiqué est bien trop élevé pour acheter la version numérique. Nous pouvons néanmoins l'écouter.
(3) Une musique qui porte un engagement évident et une démarche dont L'Enfance rouge parle abondamment sur son site.
(4) Un passage du texte de « Tostaky », surprenant et bien amené.
(5) Les membres de L'Enfance rouge sont également allés étudier les formes de la musique orientale. (source)

samedi 17 juin 2017

Le Regard

Ken Liu : Le Regard
The Regular (2014)
éd. du Bélial', Une Heure Lumière, 2017
trad. Pierre-Paul Durastanti, couv. Aurélien Police

Demain.
Dans son registre, celui de l'investigation, Ruth Law est la meilleure. D'abord parce qu'elle est une femme, et que dans ce genre de boulot, on se méfie peu des femmes. Parce qu'elle ne lâche rien, non plus, ne laisse aucune place au hasard. Enfin, parce qu'elle est augmentée. De manière extrême et totalement illégale. Et tant pis pour sa santé, dont elle se moque dans les grandes largeurs - condamnée qu'elle est à se faire manipuler par son Régulateur, ce truc en elle qui gère l'ensemble de ses émotions, filtre ce qu'elle éprouve, lui assure des idées claires en toutes circonstances. Et surtout lui évite de trop penser. À son ancienne vie... Celle d'avant le drame...
Et quand la mère d'une jeune femme massacrée, énuclée, la contacte afin de relancer une enquête au point mort, Ruth sent confusément que c'est peut-être là l'occasion de tout remettre à plat. Repartir à zéro. Mais il faudra pour cela payer le prix.
Le prix de la vérité libérée de tout filtre, tout artifice. Tout regard...
La publication précédente de l'auteur en France, L'Homme qui mit fin à l'Histoire, situait son texte dans un futur proche. Avec Le Regard, Ken Liu fait de même et, à mon sens, toujours dans un soucis d'étudier les difficultés de communication entre humains, ajoute ces barrières des plus difficiles à franchir que sont les émotions et les sentiments qui nous traversent, qui influencent grandement la moindre de nos prises de décisions et, de fait, la moindre de nos actions.
Comme dans ses textes précédents, et comme beaucoup d'autres avant lui, (1) l'écrivain emprunte à la SF les ingrédients nécessaires et contextualise efficacement sont histoire pour traiter son sujet avec finesse.
Si l'évocation d'un monde capable de vivre en faisant totalement abstraction de ses émotions et sentiments est glaçante, elle présente curieusement des aspects qui méritent qu'on s'y attarde. Quel serait le visage du monde si l'humanité décidait que celui-ci n'engendre plus colère, ressentiment, jalousie, peine, douleur et autres plaies internes ? Lorsqu'on voit le nombre de personnes qui tentent de nos jours de ne plus ressentir ces dernières, (2) je crois que c'est une question que beaucoup d'entre elles se posent.
Le contexte cyber et celui d'enquête policière servant de fond au propos ne sont que peu développés. S'il m'a semblé comprendre que ce n'est pas là que Ken Liu voulait attirer ses lecteurs, c'est pourtant le reproche le plus grand et et le plus fréquent qui semble lui être fait : cette nouvelle n'a pas les attributs d'un roman.
Je manque peut-être d'objectivité quand il s'agit de cet auteur mais il est à mon sens l'un des plus intéressants à lire ces derniers temps. (3)
Pour reprendre les termes d'une amie lorsqu'elle eut lu La Ménagerie de papier, L'Homme qui mit fin à l'Histoire et quelques entretiens (4) avec Ken Liu :
« Il est incroyable, ce type ! ».

(1) Ne manquez pas la lecture intégrale de La Grande Anthologie de la SF, elle regorge de nouvelles de cette ampleur.
(2) De manière légale ou non.
(3) Mais ça devrait être bientôt à Ted Chiang de servir, si je ne fais pas erreur.
(4) Entre autres, également disponibles à la lecture ou l'écoute sur cette page.

mercredi 14 juin 2017

Jambinai

Jambinai : A Hermitage
(2016 - Bella Union / PIAS)
Second disque (1) de ce trio (2) Coréen, A Hermitage est l'un de ces albums qui déroutent et trouvent difficilement une étiquette unique même si la plus évidente serait celle du rock, bien que d'autres parlent de post-rock, de musique traditionnelle, d'electro et de metal. (3)
Le fait est que tous ces styles sont bel et bien présents dans la musique de Jambinai et, passée la forte surprise de la première écoute, la fusion de l'ensemble fini par paraître naturelle.
Ici, nous entendons de longues plages lancinantes qui succèdent à des chants incantatoires, des voix saturées qui discourent sur de très violentes explosions sonores, de lentes mélodies mélancoliques qui entrecroisent des séquences d'electro ou d'un rock des plus bruitistes (4) et, aspect le plus surprenant, une quasi omniprésence d'instruments traditionnels que l'on n'entend que fort rarement dans les musiques actuelles.
Un « joyeux » (5) mélange bienvenu et difficilement apprivoisable qui appelle de multiples écoutes.

L'album : A Hermitage.

Musiciens permanents et de concerts:
Kim Bo-mi : haegeum
Lee Il-woo : guitare, piri, taepyeongso, chant
Sim Eun-yong : geomungo
Ryu Myung-Hoon : batterie
Choi Jae-hyuk : batterie
Ok Ji-hoon : basse
Yu Byeong-koo : basse

(1) Differance (2012) étant le premier, tout aussi bon à mon sens, peut-être un peu moins explosif dans les moments forts.
(2) Configuration de studio, car un bassiste et un batteur viennent compléter la formation en concert lorsque la salle le permet.
(3) Jambinai s'est d'ailleurs produit au Hellfest.
(4) Séquences d'accordage, diront les plus mauvaises langues.
(5) Joyeuse, la musique de Jambinai ne l'est pourtant pas, et de loin...