The Last Witchfinder (2003)
éd. Au diable vauvert, 2003
trad. Philippe Rouard, couv. rampazzo.com
En 1688, Jennet, fille d'un célèbre chasseur de sorcières, a douze ans. Sa tante Isobel, grande admiratrice de Newton, se voit accusée de sorcellerie parce qu'elle a réussi à expliquer des phénomènes naturels tenus jusque-là pour divins. Jennet part à Cambridge dans l'espoir de convaincre Newton de venir témoigner à son procès. Mais Isobel est condamnée au bûcher et Jennet jure de consacrer sa vie à l'abolition de la loi contre la sorcellerie...
À la fois biographie fictive, récit épique et « exercice d'apologétique newtonienne », ce roman, raconté à la première personne par le propre livre d'Isaac Newton, Les Principes mathématiques de philosophie naturelle, nous emmène aux origines de la rationalité occidentale, à une époque où cohabitent dévots obscurantistes brûleurs de sorcières et premiers scientifiques... Un cocktail détonant d'érudition et de fantaisie, une irrésistible relecture de notre histoire philosophique.
Si James Morrow s'amuse à prêter une âme aux livres et donne ici un rôle de narrateur à l'œuvre maîtresse d'Isaac Newton, (1) ce sont bien là les uniques éléments Fantastiques de ce roman avant tout philosophique. Cependant, à lui seul, cet artifice littéraire donne une indication précise sur les intentions de l'auteur, éclaire à la fois son propos et le regard qu'il pose sur le monde en général.
Bien plus qu'une simple charge féroce contre l'obscurantisme (2) dont ont souffert un nombre effarant d'humains qui ne demandaient rien de plus que de vivre en bonne intelligence avec leurs semblables, Le Dernier chasseur de sorcières est ici l'occasion pour l'auteur d'aligner toutes sortes de considérations au sujet de l'absurdité de notre monde. Pourtant, s'il le fait, ce n'est jamais en laissant percer une colère qui serait toute légitime mais en usant d'un humour décapant et d'une ironie mordante tout en ayant un regard plein de bon sens et d'humanité bienveillante. (3)
À la lecture de ce roman, il m'a semblé que Jennet devait tout aux deux livres que lui lègue sa tante Isobel avant d'être brûlée pour sorcellerie. Celui écrit par Newton mais également celui dont elle est l'auteur : Plaisirs et douleurs dans le jardin de la femme. (4) À mon sens, ce sont ces deux livres qui permettent à Jennet de traverser le monde et ses embûches, lui procurent l'équilibre indispensable pour atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé.
James Morrow semble avoir une immense considération pour les livres et ce qu'ils transmettent. Sans perdre de vue que, sans l'esprit de leurs lecteurs, certains peuvent tout aussi bien nourrir l'obscurantisme qu'éclairer intelligemment le monde.
Un immense auteur.
éd. Au diable vauvert, 2003
trad. Philippe Rouard, couv. rampazzo.com
En 1688, Jennet, fille d'un célèbre chasseur de sorcières, a douze ans. Sa tante Isobel, grande admiratrice de Newton, se voit accusée de sorcellerie parce qu'elle a réussi à expliquer des phénomènes naturels tenus jusque-là pour divins. Jennet part à Cambridge dans l'espoir de convaincre Newton de venir témoigner à son procès. Mais Isobel est condamnée au bûcher et Jennet jure de consacrer sa vie à l'abolition de la loi contre la sorcellerie...
À la fois biographie fictive, récit épique et « exercice d'apologétique newtonienne », ce roman, raconté à la première personne par le propre livre d'Isaac Newton, Les Principes mathématiques de philosophie naturelle, nous emmène aux origines de la rationalité occidentale, à une époque où cohabitent dévots obscurantistes brûleurs de sorcières et premiers scientifiques... Un cocktail détonant d'érudition et de fantaisie, une irrésistible relecture de notre histoire philosophique.
Si James Morrow s'amuse à prêter une âme aux livres et donne ici un rôle de narrateur à l'œuvre maîtresse d'Isaac Newton, (1) ce sont bien là les uniques éléments Fantastiques de ce roman avant tout philosophique. Cependant, à lui seul, cet artifice littéraire donne une indication précise sur les intentions de l'auteur, éclaire à la fois son propos et le regard qu'il pose sur le monde en général.
Bien plus qu'une simple charge féroce contre l'obscurantisme (2) dont ont souffert un nombre effarant d'humains qui ne demandaient rien de plus que de vivre en bonne intelligence avec leurs semblables, Le Dernier chasseur de sorcières est ici l'occasion pour l'auteur d'aligner toutes sortes de considérations au sujet de l'absurdité de notre monde. Pourtant, s'il le fait, ce n'est jamais en laissant percer une colère qui serait toute légitime mais en usant d'un humour décapant et d'une ironie mordante tout en ayant un regard plein de bon sens et d'humanité bienveillante. (3)
À la lecture de ce roman, il m'a semblé que Jennet devait tout aux deux livres que lui lègue sa tante Isobel avant d'être brûlée pour sorcellerie. Celui écrit par Newton mais également celui dont elle est l'auteur : Plaisirs et douleurs dans le jardin de la femme. (4) À mon sens, ce sont ces deux livres qui permettent à Jennet de traverser le monde et ses embûches, lui procurent l'équilibre indispensable pour atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé.
James Morrow semble avoir une immense considération pour les livres et ce qu'ils transmettent. Sans perdre de vue que, sans l'esprit de leurs lecteurs, certains peuvent tout aussi bien nourrir l'obscurantisme qu'éclairer intelligemment le monde.
Un immense auteur.
(1) Quelques précisions ici, pour ceux que ça intéresse.
(2) Qu'il soit issu de convictions délirantes ou, pire, simple prétexte à d'aussi abjects qu'égoïstes buts.
(3) Précision voulue de ma part, l'humanité, pour diverses raisons, ne l'étant pas si souvent.
(4) Un manuel d'éducation sexuelle que chaque parent avisé devrait laisser traîner partout chez lui. Si James Morrow ne s'étend pas plus que ça sur le contenu de cet ouvrage fictif, ce dernier est sans le moindre doute indispensable, voire vital.
(2) Qu'il soit issu de convictions délirantes ou, pire, simple prétexte à d'aussi abjects qu'égoïstes buts.
(3) Précision voulue de ma part, l'humanité, pour diverses raisons, ne l'étant pas si souvent.
(4) Un manuel d'éducation sexuelle que chaque parent avisé devrait laisser traîner partout chez lui. Si James Morrow ne s'étend pas plus que ça sur le contenu de cet ouvrage fictif, ce dernier est sans le moindre doute indispensable, voire vital.
Votre critique me donne grandement envie de me procurer ce livre!
RépondreSupprimerN'hésitez pas !
SupprimerSes autres romans : https://www.noosfere.org/icarus/livres/auteur.asp?numauteur=74